Le compte à rebours est lancé, les
jours défilent aussi vite que les platanes le long d'une départementale de province. C'est l'heure des "au revoirs", de faire la tournée de la famille, des ami(e)s, des collègues, comme si on partait 10 ans sur le front avec un coupe-ongle pour seule arme défensive. Ca fait flipper encore plus. Disons que nous partons 1 an en Erasmus à Barcelone étudier l'oeuvre architecturale de Gaudi, ça sera plus simple pour tout le monde. Bref, c'est l'heure de faire sa valise. Qu'est-ce qu'on prend pour un an? Tu prends combien de caleçons ? Est-ce l'heure de mettre des slips parce que ça prend moins de place? A ce compte là, pourquoi pas enfiler des strings pour pouvoir faire de la place pour"The Dirt" l'épaisse biographie de Mötley Crüe. Enfin autant de questions existentielles qui pimentent mes journées.
Comme d'habitude, rien n'est vraiment prêt. "Rien ne sert de courir, il faut partir à point", elle a bien raison cette bonne vieille tortue à se hâter dans la lenteur. Entre déménagement, tracasseries administratives, et ultimes banquets de bonne bouffe, je préfère trouver principalement du temps pour faire le stock de bouquins, et écouter des disques. Fermer les volets du domicile parental, s'abriter du soleil qui régale la plèbe au bord de la piscine, et faire le plein de fichiers numériques pour l'année à venir. Voici les 5 disques qui m'ont régalé les cages à miel cet été.
Comadre " Comadre"(2013)
Un groupe à la mode chez les jeunes. J'étais encore passé à coté de cet orchestre. C'est normal je suis vieux me direz vous. Bête hybride géniale entre screamo, emo, indie rock où je ne sais quoi. Brulons les étiquettes, ce groupe là est vraiment singulier, original, et vient de s'emparer du trône de ce royaume où il faut porter une barbe et des chemises à carreaux.
Mélodies hurlées, guitares pop, des expériences qui partent même sur des routes dangereuses puisque avec des notes de piano, voir même de trompette. Un disque osé, et maitrisé de bout en bout.
R.K.L "Riches to rags"(1994)
Je suis retombé sur ce disque, en suivant les conseils d'un véhément mélomane du nord-est de la France (yo Sam). Hop retour illico dans la période de l'adolescence où j'ai pris ces 11 titres au milieu du front.
Cette époque où je viens de me faire avaler par la vague hardcore mélodique californienne, mais je résiste toujours en sortant les feuilles de l'eau à grand coup de "Appetite for Destruction". Ce disque c'est un peu ça, du punk rock mélo bercé par la fureur heavy rock.
Jason Sears qui aurait eu des rapports buccaux avec Paul Di'Anno. Un chef d'oeuvre.
Otis Redding "Live on the Sunset Strip" (1967)
Au cours de notre trop courte virée Bretonne cet été, nous sommes tombé sur ce Réunionnais qui reprenait Otis Redding au bord du plus beau port de France. Dédé qui s'appelait. Gros charisme, grosse fougue scénique et autodérision de rigueur. Il chantait le répertoire du soulman avec une attitude punk et une classe folle. Dire que je m'étais jamais penché sur la carrière d'un des héros de mon paternel, coincé par mes oeillères rock. J'ai réparé ma bourde en écoutant plusieurs fois d'affilé, les 3 sets enregistrés par Otis dans ce live au mythique "Whisky A go-go". Ce type a enregistré une quantité incroyable d'hymnes à l'amour tubesque. Merci Dédé.
Fortune Cookie Club "L'histoire c'est maintenant" (2013)
Les Québécois sont venus jouer à Toulouse, lors de leur dernière tournée européenne. On a partagé une belle date significative avec Charly Fiasco, Maladroit et Lame Shot!. Ben m'a gentiment filé leur dernier disque que je malmène au moins une fois par jour dans la platine depuis que les cousins ont quitté ma cuisine.
Punk rock mélo chanté dans la langue de Bruno Masure. Entre Vulgaires Machins et Guerilla Poubelle. Diablement efficace.
Le meilleur pour la fin. Dernier effort pour les toulousains trop injustement méconnus. Quand tout le monde se touche le nombril sur les clips de Fauve, Bruit Qui Court, continue d'user la courroie du camion sur la route toutes les fins de semaine depuis 10ans. Une grosse soupe populaire musicale mélangeant habilement diverses influences toutes justement choisies. Bruit Qui Court, c'est aussi et surtout Nicolas. Celui que je considère comme l'un des meilleurs paroliers de l'hexagone vient d'amener son orchestre à la quintessence de la chanson engagée. Quand la musique sert à trouver la force pour lever le poing plus haut. La société a besoin de Bruit Qui Court, pas de Tagada Jones.
ps : Prochain post depuis Montreal, Canada. Stay tuned buddies.