Pollux Asso a fêté ses 20 ans les jeudi 17 et vendredi 18 Septembre dernier. Sous l'impulsion de la trépidante Jess, on a noirci une feuille avec ma copine Roxane dans le dernier fanzine Pollux, l'histoire de souffler les bougies avec nos camarades Tarnais. Bon anniversaire Pollux.
Elle est drôle cette histoire. Elle ressemble à une fable de la fontaine, ou à une comédie romantique britannique, dans laquelle Hugh Grant aurait évidemment plus trainé ses guêtres au PMU à descendre quelques casas, que dans les salons de thé de l’ouest Londonien. Cette histoire évoque le temps qui s’écoule, le temps perdu, mais jamais le temps oublié.
J’ai grandi autour de cette énorme métropole qu’est Toulouse, aspiré dans cette ville aux mille propositions culturelles. Comme un bon nombre de personnes qui liront ces lignes, je me suis construit en tant qu’individu autour de cette musique aux 3 accords. Ces 3 accords que l’on aura fait tourner en boucle dans tous les sens possibles sans jamais éprouver une once de lassitude.On a joué aux rats des villes, dans des minuscules studio radio aux cendriers plein, dans ces concerts suintants de la ville rose à la distanciation sociale déjà établie, sur ces petites scènes qui ne voudront jamais lâcher nos basques, collants aux converses comme un vague à l’âme. Dans tout ce bourbier nous avons vieilli. Cette musique et son histoire aura fait ce que nous sommes aujourd’hui.
Aussi loin que je me souvienne, et à quelques litres de diesel du fief de Nougaro, mes virées dans le Tarn sur les terres de mon paternel ont toujours eu pour effet d’apaiser les acouphènes de la ville. Rien de plus agréable que de prendre les petits déjeuners chez mamie, à faire flotter les échaudés dans le bol pendant de longues minutes, à évoquer le programme déchargé de la journée. J’ai déambulé ma jeunesse sur les bords de la Roucarié, appris la planche à roulette dans le parc de l’Endrevié, et passé de trop longues heures à refuser les ballades dominicales sur les chemins du Ségala. Entre Almayrac et Monestiés pour être précis. Le Tarn fût longtemps synonyme de famille, de repos, et de détente…Puis un jour, tout s’accéléra. Nous étions vers la fin des années 90. Alors que ma routine ne s’esquintait qu’en rêvant de concerts de hardcore mélodique et de baggy pants, alors que la ville de Orebro en Suède était certifiée capitale mondiale du rock’n’roll dans mon estime, je me rendais compte que la région Albigeoise offrait en terme de spectacles amplifié le rêve organisé. Quel invraisemblance, de s’apercevoir que tout se passe à la campagne. Oui, nous autres rats des villes, avons cette condescendance consistant à qualifier de « campagne » tout rassemblement inférieur à 400 000 humains. Alors, pendant de nombreuses années, nous organisions des aller-retours pour nous ressourcer à la campagne, profiter du grand air, aller aux champignons le dimanche mais surtout en prendre plein les esgourdes dès que les zones à décibels avaient annoncé portes ouvertes. C’est à dire: très régulièrement.
Inutile de dresser ici une liste exhaustive de tous ces évènements marquants, seule peut être ma défunte mamie aurait pu nous aider avant qu’elle ne confonde la chicorée avec le terreau, car nous y passions fréquemment d'un coup de clio avant d'aller écumer les festivités tarnaises.
De cette opulente période, le nom de l'association POLLUX est vite devenue indissociable. De part le nombre d'orchestres importants, acolytes du skye terrier écossais, je veux bien sur parler des 4degrés7, Nemless et autres Now'n'Later, mais aussi et surtout de part les concerts organisés en terre Albigeoise. Le fanzine, véritable première pierre de l'état d'esprit de l'association, et premier moteur du manège enchanté, témoigne de cet enthousiasme et de l'énergie de l'époque. Un enthousiasme que nous autres jeunes rats des villes partagions à la ville rose. Nous nous croisions à l'occasion avec les amis du chien chevelu. Nous échangions des verres, des regards et des postillons à quelques occasions mais rien de plus. Comment des individus aussi passionné.es, et vivants à quelques kilomètres ne pouvaient-ils pas partager plus ?
Dessin : Roxane Rastrelli |
C'est qu'ils ont un petit coté Ours les Tarnais. Des rats des champs taillés mentalement comme des ours. Ils font même peur parfois au premier abord. Il faut une bonne dose de lubrifiant social anisé pour espérer rentrer en relation. Chez Pollux, il faut adopter quelques éléments de langage en plus pour suivre convenablement une conversation. Il faut pratiquer à quelques reprises pour savoir si t'as bien compris le sens du zguen. Si tu te poses trop la question, il faut peut être baisser les bras. Tu seras jamais zguen.
Chez nous à la ville, mamie dirait qu'on ne se prend pas pour des pépins de pomme. Cette fameuse condescendance. Elle a jamais tord mamie. On devient cons à la ville. On aurait tendance à prendre tout le monde de haut avec nos vies rapides à la noix. Alors c'était pas facile de se rencontrer pour de vrai. Mais on a perdu trop de temps.
On n'a heureusement pas attendu que Pollux ait 20 ans pour faire durer les apéritifs du midi jusqu'au gouter. On aura attendu ce festival. Le bien nommé Xtreme fest, rassemblant des générations, des pays, des animaux, des sportifs, des feignasses, des handicapés, des ambidextres et n'importe qui acceptant de se retrouver en maillot de bain, la tronche dans les amplis le temps d'un long week-end.Il aura fallu une nuit blanche sur une terrasse perchée pour comprendre plein de choses. Pour comprendre que évidemment on parlait le même langage. Évidemment qu'on partageait les mêmes valeurs. Pollux ont fait ce que nous avions toujours rêvé de faire, mais plutôt que de le faire tous seuls, ils y ont associé tout le monde, jusqu'aux voisins de la grande ville.Bon anniversaire Pollux et merci. Merci pour les belles soirées, merci pour les belles discussions, merci pour les échappés temporelles ou les vocations créées, merci pour le zguen et rendez vous dans 20 ans.