lundi 30 mai 2011

Sport.

Week-end sportif. Manque de sommeil inéluctable. En trois jours, j'ai eu le temps :
- d'assister à une déferlante skinhead dans un de mes quartiers préféré de la ville.
- de faire un mauvais concert avec Charly Fiasco.
- de me faire virer d'un bus de touristes septuagénaires manquant cruellement d'humour.
- de danser un cercle circassien avec ma famille .
Et pour couronner le tout, j'ai failli tomber amoureux. Classe, répartie, humour, charisme sans frime, et judicieux goûts artistiques. Mademoiselle accumule les atouts. Je crois qu'elle n'est pas loin d'avoir toute la collection à mes yeux. Coeur d'artichaut forever. Allez on oublie, et on avance.
Je me soigne tant bien que mal avec ce maudit blog. Comme je le disais dans le premier post, cette cyber vitrine doit avoir de sacrés vertus thérapeutiques. Ou alors j'essaye de m'en persuader...
Je squatte beaucoup moins le bébé de Zuckerberg en ce moment, je me suis fait un petit panel de mes blogs préférés et j'en fais le tour quotidiennement. Certains m'ont même fait tirer quelques centilitres de liquide lacrymal. You know who you are buddy...
Enfin voilà, tous les jours je fais ma petite promenade sur ces sites. J'ai l'impression de me balader dans un quartier que je connais bien, dans un environnement rassurant, peuplé de gens que je porte haut dans mon estime. Je vous ferais visiter dans un prochain post.


Sinon, grande nouvelle, avec mes colocataires, on fait du sport. Vous connaissez? Une activité physique qui permet de mettre son corps en action. Je ne sais si c'est l'arrivée de l'été, les échanges de balles jaunes dans le petit écran, ou l'envie de ne plus porter sur le front la grosse pancarte : "Et ouais j'aime le houblon", mais en tout cas on s'active.
C'est nouveau parce que j'ai jamais ressenti ça avant. Le coté "dépassement de soi", je l'ai toujours rencontré ailleurs, dans des trucs qui demandent certainement un peu moins d'efforts physiques. Le coté " Culte du corps", je m'en suis toujours tamponné un peu. Se sentir bien dans son corps, pour se sentir bien dans sa tête, je laisse ça aux publicitaires de Contrex. Pour me sentir bien dans ma tête, j'écoute Rich Kids On LSD.
Dans quelques années, ma vieille carcasse ressemblera certainement plus à un vieux frigo sur lequel on a collé des vieux post-it plein d'encre indélébile, qu'a un coupé-sport flambant neuf, j'en suis persuadé. Ceci-dit, en ce moment, j'aime bien faire deux trucs sportifs. Nager et Courir.
Nager, je l'ai toujours un peu fait. 8 ans dans un petit club. Entraîneurs détendus, des bons copains, et des jolies filles qui préféraient toujours autant les footballeurs. Une période bien cool, que je complétais avec la passion de la planche à roulettes. Ça m'a donné le bagage suffisant pour pourvoir rejoindre Socoa à St Jean de Luz sans passer par la route dans un temps pas trop ridicule. Rassurez vous, aucun dommage physiologique flagrant, j'ai pas 1/100ème des épaules du jeune Frédéric Bousquet, et le seul souvenir physique que je peux avoir de cette période se trouve dans ma garde robe, avec les tee-shirts à l'effigie du club pré-cité.
Courir, c'est différent. Le seul souvenir de course que j'ai ne sont pas trop glorieux. Derrière ce fameux bus de la ligne 56, symbole de l'indépendance, seul vaisseau qui permettait de nous emmener à la grande ville sans passer par la case parentale, j'ai du courir un paquet de kilomètres. Courir pour ne pas être en retard. C'était pour moi le seul avantage de passer la 5ème vitesse sur les guibolles.
Mon colocataire Guillaume lui, possède certainement le plus beau arrière-train masculin du Sud-ouest. Son galbe fessier n'est pas venu par hasard, c'est le fruit de belles années passées à courir. Alors maintenant, il m'emmène, me guide et me conseille. Et j'avoue que c'est vraiment plaisant. Cette sensation de fatigue "saine" fait du bien. Elle me rappelle un peu le temps ou j'avais des rapports sexuels. On sort de là éreintés, dégoulinants, et heureux. Un nouvel exutoire. On oublie le quotidien, le passé, ou la suite. Du coup, on recommence. "Doc, what should I do?" aurait chanté Parry Grip.

lundi 23 mai 2011

Dans les mirettes.

Un petit moment déjà. Un sacré bout de temps que je ne suis pas tombé sur un succulent bon bouquin. Le genre de truc qui te captive et te suit partout. Le livre qui t'accompagne dans tes moments les plus intimes. Celui qui prend une autre saveur lorsque tu es assis, le pantalon baissé sur les chevilles. En fait, rien depuis le "Quelque chose à te dire" de Hanif Kureishi, véritable chef d'oeuvre anglais, retraçant le parcours d'un psychiatre londonien d'origine pakistanaise en conflit permanent avec ses vieux démons.
Entre working class heroes, histoires de fesses, et naseaux farinés. Incontournable.
Ces derniers temps donc, le désert. Rien de bien passionnant à se caler devant les mirettes. J'ai bien essayé avec le "Slam" de Nick Hornby. Adolescence, skateboard, coeurs brisés, et naïvement au premier coup d'oeil sur la quatrième de couverture, je suis comblé. Mais non rien à faire, c'est un échec. Un livre jeunesse destiné aux professeurs de collège qui ont encore la triste ambition de redonner le goût de la lecture à leur chérubins qui écoutent Sum41.
Il en est donc ainsi, la vie nous offre souvent de longues périodes sans trouver chaussure à notre pied. Depuis, quelques mois malheureusement j'ai l'impression de chausser du 52, d'avoir des arpions tellement énormes qu'il sera désormais impossible d'éprouver des émotions en lisant un bouquin. Bon je ne fais pas trop d'efforts non plus, je ne suis pas un grand lecteur, c'est le moins que l'on puisse écrire, on ne peut pas dire donc que je fréquente assidument les librairies reconnues ou autres clubs philo, mais j'essaye d'avoir toujours la bonne esgourde sur les écrits qui valent le coup. Récemment, je me suis même relu le "Football Factory" de J.King, pamphlet brulant sur la classe ouvrière anglaise où le ballon rond devient le prétexte primaire d'une violence absurde et irréfléchie. Un livre rempli de désespoir brutal qui t'envoie les tripes dans une machine à laver.
Et puis enfin, la lueur au bout du tunnel. L'halogène au fond du gouffre. Je me souviens très bien de ce fameux samedi soir. Il y flottait déjà une atmosphère flirtant avec la perfection : des amis en pagaille, un anniversaire nordique à fêter dignement, et des orchestres qui comptent beaucoup pour ma poire. Enfin bref, je me retrouve dans les loges d'un presque mythique café-concert presque Lillois, à faire du pied à une boisson non-alcoolisée à l'allure étrange. J'hésite un peu avant de flirter avec la paroi dépucelée du verre. Et puis je fonce, les papilles plus aguerries en première ligne. Fermant les yeux, savourant chaque fumet.
Effet immédiat, dès la première saveur, je me retrouve a bord de la Delorean, dix ans en arrière, dans mes étés magiques passés en Bretagne.
Sirop de citron vert.
J'ai bu un litre de cet élixir durant les 16 ou 17 premiers étés de ma vie. Je verbalise mon ressenti, et Damien ne loupera le coche.
- " Procure toi le dernier livre de Bégaudeau, tu y retrouveras ta Bretagne, même si lui parle de sa vendée"
Touchée en plein menhir. Un cheminot ne se trompe jamais. Au retour de tournée, le lundi matin, c'est la toute première chose que j'ai faite, certainement le meilleur moyen de panser les blessures morales de ces retours difficiles. Je me suis jeté sur "La Blessure, la vraie" de François Begaudeau.
Inutile de revenir sur le passé électrique de notre auteur, tout le monde est déjà au courant que le gazier dont il est question aujourd'hui a contribué à donner quelques gallons supplémentaires au punk rock francophone dans les années 90.
Je me suis mis très tard aux Zabs, inculte de notre culture rock hexagonale, je me tripotais un peu trop le pinceau sur les tubes de NOFX ou Rancid. Du coup, j'ai découvert l'auteur que peu de temps après m'être pencher réellement sur la discographie de l'orchestre. Enfin là n'est pas la question.
Coup d' oeil dans le rétro de la vieille 504 et nous sommes ici catapultés au beau milieu de l'été 1986, où notre narrateur passe ses vacances d'été dans une charmante bourgade vendéenne. La Faute sur Mer plus exactement. Rien qu'au nom du bled, on se doute que notre histoire ne dépeint pas les aventures d'un gagnant de la vie. Voilà ce que j'aime, les histoires de losers. Impossible de ne pas lire son existence dans le miroir. Impossible de ne pas faire le lien avec mes étés bretons des années 90 : mes premiers ébats amoureux, mes premiers papillons dans le ventre, mes premiers échecs conjugaux. Voilà, pour moi ce livre, c'est aussi un hommage a mes 12 - 18 ans passés sur cette magnifique presqu'île Morbihannaise. Mes origines maternelles et les plus beaux étés de ma vie hantent les pages de mon nouveau copain de chevet.
"Le Nantais" comme est appelé le conteur par ses camarades, se trouve donc en période estivale comme chaque année dans son petit village du bord de mer, avec en ligne de mire la perte de sa virginité.
Une grosse bande de copains tous aussi atypiques partagent le quotidien du Nantais. Difficile de résister à Greg Le Rateau, qui met un point d'honneur à mettre en scène les vestes qu'il collectionne au prêt de la gente féminine. Et Stéphane Poitou alors, un des chefs de la bande, par son âge d'abord, mais aussi par le légitime fait qu'il possède un véhicule. Une R5 Alpine en plus. Stéphane aime le reggae, les cigarettes roulées, possède les cheveux sales et sa rutilante automobile dégueule de contre-temps jamaïcains toute la journée. J'ai l'impression d'avoir côtoyer les mêmes dans mes tendres années.
Nous sommes obligatoirement attachés à tous ces personnages, mais le Nantais nous possède. Dans la maladresse de son rapport aux filles, dans ses appétences littéraires mais aussi dans ses jeunes convictions politiques, le Nantais nous ressemble. Le contexte attrayant de la France profonde ne joue pas avec notre nostalgie. Les autos-tamponneuses, le bal du 15 août, les premiers demi-pressions autour du babyfoot du troquet le plus cool du monde, tout ça nous aide juste à ne pas oublier des valeurs qui suffisaient largement au bonheur. Merde, voilà que je me transforme en Baloo...
Bégaudeau, efficace, écrit toujours les phrases que tu aurais voulu pondre. En voilà une, qui résume le rapport du Nantais avec les filles qu'il courtise :
"Je suis quand même gêné je vais parler. Je vais lui poser des questions, les questions c'est la bande originale officielle des conversations gênées."
Le style est désormais largement reconnaissable. On retrouve la marque de fabrique de ses précédentes prestations, avec notamment le soucis du détail vestimentaire. C'est dingue, mais c'est vrai que cela en dit de suite beaucoup plus sur le personnage.
Alors certes Begaudeau est de plus en plus décrié, certains évoquant même le fait qu'il soit devenu un "intellectuel de gauche", celui là même qu'il chahutait dans la chanson du même nom de Zabriskie Point. Aucun soucis pour moi, ce nouveau statut me convient aussi.
Ce bouquin m'a redonné le goût du sirop de citron vert.
Cet été, j'irais en Bretagne.

lundi 18 avril 2011

Energie déployée.

Tous les matins, c'est la même rengaine.
Pour me rendre à mon travail, j'utilise les transports en commun. Rien de nouveau sous le soleil de Toulouse, je fais comme la plupart des citadins de la ville rose. C'est un exercice qui peut devenir très facilement horripilant et se placer comme élément majeur et repérant de la routine journalière. Heureusement pour moi, tous les matins devant ma station de métropolitain, il y a ce jeune homme qui distribue gratuitement un journal quotidien que vous avez forcément dans votre ville.
Ce genre de torchon délibérément subjectif, que tu as le temps de lire entre Jean Jaurès et St Michel tellement le contenu est creux.
Et ce jeune homme tous les matins me saute dessus, avec un appel de phare en guise de sourire et une bonne humeur exacerbée à transformer Immortal en groupe de ska-festif.
Mais comment fait-il? D'où arrive t-il à puiser toute cette énergie à une heure si matinale pour un travail si difficile? Les gens sont dingues des fois.
Ce garçon là me fascine tellement que lorsqu'il m'est trop difficile de m'extirper de la couette, une petite pensée à son égard et hop je suis débout. Il est tellement drôle et ridicule à la fois. Comment peut-on s'investir dans un travail si merdique? 4 ou 5 heures par jour ce type va vers les gens avec un sourire tellement convaincant qu'on a l'impression qu'il va nous annoncer une nouvelle incroyable du genre :
-"Hey, vous savez quoi !?, je viens de trouver le vaccin contre le sida!"
Que nenni, lui son truc c'est de t'annoncer que pour la modique somme de 0 euros tu peux avoir un nouveau torche-cul qui se prend pour un journal d'information. Et pour couronner le tout, le gonze prend son travail à coeur et essaye de t'insuffler sa bonne humeur.
La où on mon récit tourne au pathétique, c'est quand je vous dis que le pire, c'est que ça marche.
Je ne peux rester indifférent à sa joie de vivre, je suis encore trop naïf pour croire que c'est un argument de don, j'ose espérer que sa jovialité et son comportement sur le pavé sont les mêmes lorsqu'il dépointe. Alors tous les matins, je lui sourie, je le salue et je lui souhaite bon courage. Je prend même son bout de papier dégueulasse qu'il ose appeler journal. Pire encore, il m'arrive même de le lire.

lundi 4 avril 2011

Ballon ovale.

Je suis né à Toulouse, charmante ville du Sud-Ouest, qui abrite un patrimoine culturel impressionnant selon les dires hexagonaux. Quand on pense à la ville rose, on pense immédiatement à Claude Nougaro (ou à Zebda selon les générations), à son cassoulet et ses saucisses, mais aussi et surtout à son célèbre club sportif : Le Stade Toulousain.

Référence en matière de ballon ovale, le club toulousain est tout de même 17 fois champion de France, et 4 fois champion d'Europe. La ville est grandement imprégnée des deux couleurs de l'équipe que sont le rouge et le noir, et même si Stendhal n'a rien n'a voir dans le bon déroulement de l'histoire, il faut admettre que n'importe quel toulousain ne peut passer à coté du bain bi-colore.
Ceci dit, malgré l'omniprésence visuelle de l'univers du club dans ma vie quotidienne, j'évite depuis ma tendre enfance de côtoyer de près ou de loin tout ce qui peut avoir un rapport avec le rugby. La faute certainement à une succession de clichés ou d'idées reçues mettant en exergue trop d'anecdotes remplies de testostérones. Enfin bref, quand tu me parles de Toulouse, je préfère largement qu'on parle de Pascal Dessaint ou des Greedy Guts.
La trentaine approchant, il était grand temps de ranger les préjugés de l'adolescence et d'aller voir un peu à quoi ressemble ces matchs, pour tenter de comprendre enfin qu'est-ce qui passionne 95pourcent des habitants de ma ville. Les conseils appuyés de mon paternel, de mon frêre cadet, ainsi que de quelques amis proches bien sensibilisés à la question ont terminé de me convaincre.
Je profite donc d'un week-end off avec l'orchestre Charly Fiasco pour répondre positivement à la proposition d'un collègue de travail. Un charmant jeune homme qui aime autant AC/DC que World of Warcraft ou le basket-ball, un sacré bout-en-train qui rend ton quotidien professionnel plus agréable. Direction Perpignan donc, pour assister à la rencontre entre l'Union Sportive des Arlequins Perpignanais (USAP) et l'équipe de Toulouse.
Les règles du rugby sont pour moi loin d'être claires. En caricaturant à peine, je sais juste que :
- On joue avec les mains (et c'est pas facile, parce que le ballon est ovale)
- Pas de passes en avant
- Le ballon doit passer dans un grand H
- Pour marquer il faut mettre le ballon derrière une ligne blanche
- On peut se bousculer un peu
Nous sommes en tribune dans un virage au milieu des supporters catalans et toulousains. Le stade est plein à craquer. Mes premières impressions correspondent à tout ce que l'on a pu me dire sur l'ambiance dans les stades de rugby. La fête est à l'opposé de ce qui se passe chez les voisins du ballon rond. Ici, on vient en famille, la femme et les enfants d'abord, chacun connait les habitudes et le déroulement de la rencontre.
Derrière moi, deux femmes commentent le match avec passion et enthousiasme, je comprends rien à ce qu'elles racontent mais elles ont l'air d'en connaitre un rayon sur la question. Je me surprends à plonger mes esgourdes en arrière, moi qui pensait que tout ça était réservé à la gente masculine. Tout le monde est sur un même pied d'égalité, les chansons de supporters se répondent, on se chambre gentiment, chacun défendant l'équipe de sa ville avec une bonne humeur contagieuse. De mon coté, je regarde presque autant les tribunes que le match. D'un point de vue sociologique, il y aurait moyen d'écrire un bon pavé sur la diversité des personnes présentes. C'est pas dans mes cordes. Je retiendrai juste les cris de la dizaine d'adolescentes pré-pubères déchaînés sur ma gauche, qui en 80 minutes ont réussi à me prendre toutes les fréquences aiguë des cages à miel, sans oublier le supporter du stade toulousain qui mettait un grand coup de soulier dans le siège de devant dès que son équipe se comportait mal.
Coup de sifflet final, les supporters se félicitent mutuellement, on serre la main de l'adversaire dans les tribunes comme sur le terrain, et tout le monde se file rendez vous au bistrot. Une conception du sport qui me convient entièrement.
Sur le chemin du retour, on passe devant le bus des joueurs toulousains. Les aficionados du rouge et noir, discutent avec un joueur. Le gonze est détendu et semble apprécier l'échange. Apparemment, c'est monnaie courante dans le milieu de l'ovalie. Ça tombe bien, j'aime pas les stars, que cela soit dans la musique, le sport, ou n'importe quoi, c'est toujours bien de se rappeler qu'on sort tous des cuisses de sa mère. En espérant que l'arrivée des capitaux dans cette discipline devenu récemment professionnelle ne gâche pas les prochaines 3ème mi-temps et les rapports conviviaux qui vont de pairs.
Je vous épargne le score final, vous auriez bien compris qu'il n'a ici que très peu d'importance. Une belle expérience.

mercredi 16 mars 2011

Gueule de bois

Le phénomène se produit à tous les coups. Chaque retour de tournée, c'est la même rengaine. Le même mal au bide, le même mal-être le lundi matin en retournant au travail. Cette impression étrange, similaire à une fin de mois d'août où il faut quitter son amoureuse sur le quai d'une station balnéaire. Le cafard, vilain insecte nuisible t'accompagne toute ta vie, c'est désormais une certitude et c'est certainement pas le poids des années qui pourra l'écraser comme une vieille punaise.
Chouette tournée d'ailleurs pour la sortie du nouvel album de Charly Fiasco. Encore plein de belles rencontres, des villes jusqu'alors inconnues et d'excellents orchestres croisés sur les mêmes scènes...
Dans le camion, nous avons beaucoup rit. Toujours les mêmes private jokes éphémères qui dureront que le temps de la tournée,et qui n'auront ici que très peu d'intérêt, mais ça permet toujours de garder la tête hors de l'eau. Un peu plus, et nous n'étions même pas au courant que la terre tremblait de l'autre coté du globe.
Une fois de plus, avec mon camarade de jeu Mato, nous avons passé une bonne partie des trajets a regarder la série Alias sur un petit écran de fortune. Ok, je suis au courant, nous avons une décennie de retard. On regarde uniquement sur la route avec le groupe. Nous en sommes à la 3ème saison, et c'est vraiment un régal. Intrigues d'espionnage à l'américaine, acteurs aux physiques parfaits, histoires d'amour compliquées et mielleuses comme j'aime, c'est impeccable! On se retrouve propulsé dans les combines de la C.I.A aux cotés de la ravissante Jennifer Garner. Il y a pas vraiment besoin de brancher tous les conduits neurologiques, l'action se déroule vite et bien, on passe de Moscou au Cap en une demi-minute, les personnages sont facilement identifiables et les dialogues ne sont pas volés chez Jacques Lacan...
Du coup, j'ai un peu l'impression de partir en tournée avec Jenny(oui, elle a droit à son petit surnom maintenant que nous sommes presque intimes). Elle est assise à coté de moi à l'arrière du camion. Elle réponds jamais quand je la questionne sur la nature de ses rapports avec Vaughn, mais c'est pas grave.(Chuut, par contre, faut pas le dire à Mato...Il serait jaloux.)
"I love you, you're so cool, but what I need is Jennifer Garner"
D'ailleurs, tant que nous sommes dans la romance, l'autre jour, j'ai presque eu l'impression que Richard Curtis avait pris le contrôle de ma vie en testant un de ses nouveaux scénars sur ma pomme. Bon, il aurait certainement du choisir une meilleure fin à son nouvelle comédie romantique, mais il recommence quand il veut.
Pour le moment, il pleut. Les gouttes rebondissent sur le vélux dans un doux cliquetis régulier. C'est trop cool.

mercredi 2 mars 2011

Habiller Morphée.

J'ai la passion du sommeil. J'adore dormir. Pas forcément longtemps, ni de manière confortable, mais j'adore roupiller Je pousse même le vice à essayer de m'endormir dans les endroits les plus incongrus. Une conversation douce, passionnée mais point trop intéressante, un match de tennis en 5 sets, le ronronnement d'un vieux Iveco, tout est bon à prendre. Ce n'est pas de la flemmardise, ni un soudain mépris pour l'environnement social dans lequel je me trouve, mais juste le fait de ne pas vouloir rater l'orgasme que peux procurer Morphée. 
Une bonne étape de plaine sur un Tour de France, un peloton qui passe 150 kilomètres à se renifler le derrière, et le téléviseur couleur devient la plus belle berceuse au monde.
Difficile en ce moment, de trouver le sommeil. Il se passe trop de choses dans la ville rose. Ca tombe bien les périodes pré tournée ont toujours du mal à passer.
Hier soir, concert dans les hauts quartiers étudiants. Je file un coup de main à l'orga. Sur scène, Boys on the dock, excellent duo acoustique, cover songs de goût (Billy Bragg, Social Distortion, Against Me, Rancid...), et très bonne prestation. Un bon chanteur, une sympathie évidente dans le relationnel, et des privates running jokes à gogo. Il ne m’en faut pas plus. 
Les champions de Foolish sont en ville. Punk rock à tendance hardcore. A l'ancienne, guitares au genoux, dégaines 90's, humour débile et bonne humeur assurée. Les gonzes ont pris du niveau depuis la première fois où on les avait croisé dans ce magnifique bar en zone rurale dans le centre de la France.
Puis vint le plateau anglais à l'origine de l'organisation du concert. Shoes and Socks Off, est le pseudonyme du chanteur d'outre manche, qui vient présenter son spectacle solo. Le gonze est déjà très sympathique à la descente du camion, malgré sa pilosité excessive au niveau du torse. Oui, je suis jaloux.
Bref, super concert et 1er agréable surprise. Pop folk, bien ficelée, des bonnes mélodies, on pense évidemment à Eliott Smith, même si il y a des quelques passages un peu plus barrés. Par contre, les mecs de Tubelord, tête d'affiche du soir, m'inspirent guère. Look soigné, dégaine arty, ça sent la pop pour coiffeurs à plein nez. 
Le chanteur guitariste avec son jogging 80's, ses bretelles, ses cheveux grunge, et ses souliers qu'auraient même pas mis mon grand-père pour aller à la pêche, et de loin le plus cool. Avenant et délicat.
Tout ça pour dire qu'avant le concert, je me revois en train de médire sur le look de ces garçons et sur la mauvaise pop à clavier qu'on va sûrement prendre dans le museau quelques minutes encore avant le début du concert.
Que nenni. Tubelord, joue le rock plutôt très bien. Gros son,  grosse patate, et bonnes chansons. Il y a des plans qui me rappellent Get Up Kids, Thursday, et d'autres groupes du genre...Alors certes, j'écouterais pas souvent à la maison, les passages math-rock sont très difficiles pour mes esgourdes (d'ailleurs qu'est ce que c'est encore que ça le math rock, ça veut dire quoi? On met un théorème de Thalès dans la tablature?), mais rien à dire, les anglais font leur match avec le panache et l'intensité...J'ai honte d'avoir médis autant à la fin du concert. Ça m'apprendra à faire le malin. L'habit de ne fait décidément pas le moine, il embellit la rumeur.

samedi 26 février 2011

A chacun sa thérapie.

L'idée originale était bien différente.
Au tout début du projet, je voulais vraiment me lancer dans un fanzine. Le vrai, l'unique. Celui qui te permet d'avoir les doigts qui collent, celui qui te rend maître dans l'art du découpage, celui là même qui t'oblige à sortir un peu plus tard du boulot pour faire des photocopies gratuites. Mais non, je suis un bon vieux flemmard, un débutant éternel dans les travaux manuels, je mets 3 jours pour faire un collier de pâtes à ma mère, et 3 semaines pour monter une étagère d'origine suédoise. Imaginez-donc un fanzine papier...Un numéro par décennie, grand maximum.
C'est bien dommage parce que le fanzine représente beaucoup de choses pour ma poire. Au milieu des années 90, on écoutait l'émission "Plus de bruit" sur Radio MonPais animée par Nico et Zite et on lisait "Can God Fill Teeth?!" écrit par le magnifique Stéphane Escriva et sa troupe. En quelques numéros et émissions radiophoniques, je me suis fait ma propre culture punk rock à la fin de mes années collège.
C'est la grande époque, les découvertes inlassables de nouveaux groupes, mais aussi tous les fanzines de l'époque...Kérosène, Rad Party & co...Soudain, la lecture redevenait un plaisir, plus une exigence scolaire.
Et puis pendant quelques années, j'ai lâché prise. Je me suis désintéressé à toutes ces pages vulgairement agrafées entre elle. Les disques de punk rock ont toujours été là, mais les fanzines eux ont déserté les tables de chevet...
Jusqu'au jour, où je retombe sur un  numéro de Shotdown au fameux Danger House de Lyon. Le gazier écrit comme il pense, jette ses tripes sur la feuille et raconte sa vie avec son lot d'anecdotes trépidantes. On écoute les mêmes groupes, on lit les mêmes bouquins, et on aime presque les mêmes films. Ses anglicismes, et ses tirades amerloques ne me choquent même pas. J'ai trouvé mon nouveau héros.

Voilà depuis ce jour, je me dis que j'aimerais me lancer de mon coté, mais c'est jamais facile d'écrire à la première personne du singulier. Et en même temps, il n'a jamais été question de parler de soi.
Ici cela sera avant tout un moyen de cadrer un peu mon temps sur internet, structurer ma cyber vie en somme. En prenant un peu recul, je me suis aperçu que je perdais énormément d'heures sur ces nouveaux réseaux sociaux. Je peux me retrouver facilement comme l'autre jour à regarder pendant deux heures les photos de mariage de quelqu'un que je ne connais pas.
-"Ouh quelle est belle la robe de la mariée, je l'aurais bien vu sur Natalie dans Love Actually"
- " Ah mais au fait, tiens, je connais personne sur ces photos... Qui sont ces gens? Qu'est ce que je fous là?"
Voilà un peu le topo, il est l'heure de se reprendre en main!
Ici, on causera forcément de musique, certainement de cinéma, sûrement un peu de bouquins aussi. Rien de trop intello bien sur, mes facultés cognitives sont déjà lourdement entamées. On parlera aussi obligatoirement de culture populaire, de Tour de France et de Plus Belle La vie, de Diam's, de Francis Cabrel et de toutes nos fiertés hexagonales.
Soyez les bienvenus. No road is too long, when you are in a good company...
Romain Boule