lundi 18 avril 2011

Energie déployée.

Tous les matins, c'est la même rengaine.
Pour me rendre à mon travail, j'utilise les transports en commun. Rien de nouveau sous le soleil de Toulouse, je fais comme la plupart des citadins de la ville rose. C'est un exercice qui peut devenir très facilement horripilant et se placer comme élément majeur et repérant de la routine journalière. Heureusement pour moi, tous les matins devant ma station de métropolitain, il y a ce jeune homme qui distribue gratuitement un journal quotidien que vous avez forcément dans votre ville.
Ce genre de torchon délibérément subjectif, que tu as le temps de lire entre Jean Jaurès et St Michel tellement le contenu est creux.
Et ce jeune homme tous les matins me saute dessus, avec un appel de phare en guise de sourire et une bonne humeur exacerbée à transformer Immortal en groupe de ska-festif.
Mais comment fait-il? D'où arrive t-il à puiser toute cette énergie à une heure si matinale pour un travail si difficile? Les gens sont dingues des fois.
Ce garçon là me fascine tellement que lorsqu'il m'est trop difficile de m'extirper de la couette, une petite pensée à son égard et hop je suis débout. Il est tellement drôle et ridicule à la fois. Comment peut-on s'investir dans un travail si merdique? 4 ou 5 heures par jour ce type va vers les gens avec un sourire tellement convaincant qu'on a l'impression qu'il va nous annoncer une nouvelle incroyable du genre :
-"Hey, vous savez quoi !?, je viens de trouver le vaccin contre le sida!"
Que nenni, lui son truc c'est de t'annoncer que pour la modique somme de 0 euros tu peux avoir un nouveau torche-cul qui se prend pour un journal d'information. Et pour couronner le tout, le gonze prend son travail à coeur et essaye de t'insuffler sa bonne humeur.
La où on mon récit tourne au pathétique, c'est quand je vous dis que le pire, c'est que ça marche.
Je ne peux rester indifférent à sa joie de vivre, je suis encore trop naïf pour croire que c'est un argument de don, j'ose espérer que sa jovialité et son comportement sur le pavé sont les mêmes lorsqu'il dépointe. Alors tous les matins, je lui sourie, je le salue et je lui souhaite bon courage. Je prend même son bout de papier dégueulasse qu'il ose appeler journal. Pire encore, il m'arrive même de le lire.

lundi 4 avril 2011

Ballon ovale.

Je suis né à Toulouse, charmante ville du Sud-Ouest, qui abrite un patrimoine culturel impressionnant selon les dires hexagonaux. Quand on pense à la ville rose, on pense immédiatement à Claude Nougaro (ou à Zebda selon les générations), à son cassoulet et ses saucisses, mais aussi et surtout à son célèbre club sportif : Le Stade Toulousain.

Référence en matière de ballon ovale, le club toulousain est tout de même 17 fois champion de France, et 4 fois champion d'Europe. La ville est grandement imprégnée des deux couleurs de l'équipe que sont le rouge et le noir, et même si Stendhal n'a rien n'a voir dans le bon déroulement de l'histoire, il faut admettre que n'importe quel toulousain ne peut passer à coté du bain bi-colore.
Ceci dit, malgré l'omniprésence visuelle de l'univers du club dans ma vie quotidienne, j'évite depuis ma tendre enfance de côtoyer de près ou de loin tout ce qui peut avoir un rapport avec le rugby. La faute certainement à une succession de clichés ou d'idées reçues mettant en exergue trop d'anecdotes remplies de testostérones. Enfin bref, quand tu me parles de Toulouse, je préfère largement qu'on parle de Pascal Dessaint ou des Greedy Guts.
La trentaine approchant, il était grand temps de ranger les préjugés de l'adolescence et d'aller voir un peu à quoi ressemble ces matchs, pour tenter de comprendre enfin qu'est-ce qui passionne 95pourcent des habitants de ma ville. Les conseils appuyés de mon paternel, de mon frêre cadet, ainsi que de quelques amis proches bien sensibilisés à la question ont terminé de me convaincre.
Je profite donc d'un week-end off avec l'orchestre Charly Fiasco pour répondre positivement à la proposition d'un collègue de travail. Un charmant jeune homme qui aime autant AC/DC que World of Warcraft ou le basket-ball, un sacré bout-en-train qui rend ton quotidien professionnel plus agréable. Direction Perpignan donc, pour assister à la rencontre entre l'Union Sportive des Arlequins Perpignanais (USAP) et l'équipe de Toulouse.
Les règles du rugby sont pour moi loin d'être claires. En caricaturant à peine, je sais juste que :
- On joue avec les mains (et c'est pas facile, parce que le ballon est ovale)
- Pas de passes en avant
- Le ballon doit passer dans un grand H
- Pour marquer il faut mettre le ballon derrière une ligne blanche
- On peut se bousculer un peu
Nous sommes en tribune dans un virage au milieu des supporters catalans et toulousains. Le stade est plein à craquer. Mes premières impressions correspondent à tout ce que l'on a pu me dire sur l'ambiance dans les stades de rugby. La fête est à l'opposé de ce qui se passe chez les voisins du ballon rond. Ici, on vient en famille, la femme et les enfants d'abord, chacun connait les habitudes et le déroulement de la rencontre.
Derrière moi, deux femmes commentent le match avec passion et enthousiasme, je comprends rien à ce qu'elles racontent mais elles ont l'air d'en connaitre un rayon sur la question. Je me surprends à plonger mes esgourdes en arrière, moi qui pensait que tout ça était réservé à la gente masculine. Tout le monde est sur un même pied d'égalité, les chansons de supporters se répondent, on se chambre gentiment, chacun défendant l'équipe de sa ville avec une bonne humeur contagieuse. De mon coté, je regarde presque autant les tribunes que le match. D'un point de vue sociologique, il y aurait moyen d'écrire un bon pavé sur la diversité des personnes présentes. C'est pas dans mes cordes. Je retiendrai juste les cris de la dizaine d'adolescentes pré-pubères déchaînés sur ma gauche, qui en 80 minutes ont réussi à me prendre toutes les fréquences aiguë des cages à miel, sans oublier le supporter du stade toulousain qui mettait un grand coup de soulier dans le siège de devant dès que son équipe se comportait mal.
Coup de sifflet final, les supporters se félicitent mutuellement, on serre la main de l'adversaire dans les tribunes comme sur le terrain, et tout le monde se file rendez vous au bistrot. Une conception du sport qui me convient entièrement.
Sur le chemin du retour, on passe devant le bus des joueurs toulousains. Les aficionados du rouge et noir, discutent avec un joueur. Le gonze est détendu et semble apprécier l'échange. Apparemment, c'est monnaie courante dans le milieu de l'ovalie. Ça tombe bien, j'aime pas les stars, que cela soit dans la musique, le sport, ou n'importe quoi, c'est toujours bien de se rappeler qu'on sort tous des cuisses de sa mère. En espérant que l'arrivée des capitaux dans cette discipline devenu récemment professionnelle ne gâche pas les prochaines 3ème mi-temps et les rapports conviviaux qui vont de pairs.
Je vous épargne le score final, vous auriez bien compris qu'il n'a ici que très peu d'importance. Une belle expérience.