samedi 31 août 2013

Final countdown.



Le compte à rebours est lancé, les jours défilent aussi vite que les platanes le long d'une départementale de province. C'est l'heure des "au revoirs", de faire la tournée de la famille, des ami(e)s, des collègues, comme si on partait 10 ans sur le front avec un coupe-ongle pour seule arme défensive. Ca fait flipper encore plus. Disons que nous partons 1 an en Erasmus à Barcelone étudier l'oeuvre architecturale de Gaudi, ça sera plus simple pour tout le monde. Bref, c'est l'heure de faire sa valise. Qu'est-ce qu'on prend pour un an? Tu prends combien de caleçons ?  Est-ce l'heure de mettre des slips parce que ça prend moins de place? A ce compte là, pourquoi pas enfiler des strings pour pouvoir faire de la place pour"The Dirt" l'épaisse biographie de Mötley Crüe. Enfin autant de questions existentielles qui pimentent mes journées. 

Comme d'habitude, rien n'est vraiment prêt. "Rien ne sert de courir, il faut partir à point", elle a bien raison cette bonne vieille tortue à se hâter dans la lenteur. Entre déménagement, tracasseries administratives, et ultimes banquets de bonne bouffe, je préfère trouver principalement du temps pour faire le stock de bouquins, et écouter des disques. Fermer les volets du domicile parental, s'abriter du soleil qui régale la plèbe au bord de la piscine, et faire le plein de fichiers numériques pour l'année à venir. Voici les 5 disques qui m'ont régalé les cages à miel cet été.

Comadre " Comadre"(2013)
Un groupe à la mode chez les jeunes. J'étais encore passé à coté de cet orchestre. C'est normal je suis vieux me direz vous. Bête hybride géniale entre screamo, emo, indie rock où je ne sais quoi. Brulons les étiquettes, ce groupe là est vraiment singulier, original, et vient de s'emparer du trône de ce royaume où il faut porter une barbe et des chemises à carreaux.
Mélodies hurlées, guitares pop, des expériences qui partent même sur des routes dangereuses puisque avec des notes de piano, voir même de trompette. Un disque osé, et maitrisé de bout en bout.


R.K.L "Riches to rags"(1994)
Je suis retombé sur ce disque, en suivant les conseils d'un véhément mélomane du nord-est de la France (yo Sam). Hop retour illico dans la période de l'adolescence où j'ai pris ces 11 titres au milieu du front.  
Cette époque où je viens de me faire avaler par la vague hardcore mélodique californienne, mais je résiste toujours en sortant les feuilles de l'eau à grand coup de "Appetite for Destruction". Ce disque c'est un peu ça, du punk rock mélo bercé par la fureur heavy rock.
 Jason Sears qui aurait eu des rapports buccaux avec Paul Di'Anno. Un chef d'oeuvre.


Otis Redding "Live on the Sunset Strip" (1967)
Au cours de notre trop courte virée Bretonne cet été, nous sommes tombé sur ce Réunionnais qui reprenait Otis Redding au bord du plus beau port de France. Dédé qui s'appelait. Gros charisme, grosse fougue scénique et autodérision de rigueur. Il chantait le répertoire du soulman avec une attitude punk et une classe folle. Dire que je m'étais jamais penché sur la carrière d'un des héros de mon paternel, coincé par mes oeillères rock. J'ai réparé ma bourde en écoutant plusieurs fois d'affilé, les 3 sets enregistrés par Otis dans ce live au mythique "Whisky A go-go". Ce type a enregistré une quantité incroyable d'hymnes à l'amour tubesque. Merci Dédé.


Fortune Cookie Club "L'histoire c'est maintenant" (2013)
Les Québécois sont venus jouer à Toulouse, lors de leur dernière tournée européenne. On a partagé une belle date significative avec Charly Fiasco, Maladroit et Lame Shot!. Ben m'a gentiment filé leur dernier disque que je malmène au moins une fois par jour dans la platine depuis que les cousins ont quitté ma cuisine.
Punk rock mélo chanté dans la langue de Bruno Masure. Entre Vulgaires Machins et Guerilla Poubelle. Diablement efficace.



Le meilleur pour la fin. Dernier effort pour les toulousains trop injustement méconnus. Quand tout le monde se touche le nombril sur les clips de Fauve, Bruit Qui Court, continue d'user la courroie du camion sur la route toutes les fins de semaine depuis 10ans. Une grosse soupe populaire musicale mélangeant habilement diverses influences toutes justement choisies. Bruit Qui Court, c'est aussi et surtout Nicolas. Celui que je considère comme l'un des meilleurs paroliers de l'hexagone vient d'amener son orchestre à la quintessence de la chanson engagée. Quand la musique sert à trouver la force pour lever le poing plus haut. La société a besoin de Bruit Qui Court, pas de Tagada Jones.

ps : Prochain post depuis Montreal, Canada. Stay tuned buddies.

mardi 13 août 2013

Septembre.

Nous y sommes. Je me souviens désormais des raisons pour lesquelles j'avais ouvert ce blog.
Je me souviens pourquoi j'avais choisi cet intitulé fort prétentieux, qui laissait sous entendre que j'allais raconter quelques extravagances vécues sur la route.
Je me souviens de l'idée originelle sous forme de fanzine papier, de cette envie de dépeindre le quotidien, de ce besoin de restituer les dernières lectures, les derniers coups de coeur, de trouver un alibi  à cette nécessité d'étaler son égo. Je me souviens aussi et paradoxalement de cette difficulté à écrire à la première personne du singulier.
Bref, je me souviens surtout que "Aucune route n'est trop longue" était avant tout un moyen de décocher un projet qui me tient à coeur, depuis l'âge où apprendre à jouer "Linoleum" t'importe plus que de réussir ton semestre d'art moderne. Bourlinguer, c'est le terme qu'utilise mes géniteurs pour qualifier nos vadrouilles amplifiées le week-end. Voilà je voulais bourlinguer et raconter des histoires de bourlingues.
Je voyage avec les orchestres punk rock depuis maintenant presque dix ans. Ce même punk rock qui m'a tant apporté, celui qui m'a bâti,  structuré, m'a aussi amené aussi loin que jamais j'aurais pu espérer, humainement comme géographiquement.

BonVivant/Charly Fiasco - Quelque part en France dans la maison de Pat le Nerveux.
Photo by Sneaky Phong

Cette année 2013 n'a pas été en reste. Une semaine en Algérie au mois de Février avec l'équipe Rock Belda, avec en prime un concert en plein coeur de Bab El Oued. Quelques semaines plus tard, dix jours avec nos amis Québécois de BonVivant sur les routes de l'hexagone, et puis 3 semaines en Europe de l'Est cet été avec la jeune garde Angevine de Wank For Peace.
Partir faire des bornes dans un camion reste certainement l'expérience la plus classe du monde. Les kilomètres forment la jeunesse. La vie en collectivité, le manque de sommeil, les délicieuses odeurs corporelles, les rencontres etc... Je vous sors pas le "road sweet road" classique, les trompettes habituelles... La section cuivre est toujours de trop dans un camion, et je suis sur que vous voyez où je veux en venir.
Les 3 dernières semaines avec Wank For Peace furent très riches. Voilà un groupe qui a tout compris. Un de ceux qui fait de la musique pour les bonnes raisons. Un groupe de jeunes passionnés, arrivant simplement à associer éthique, sérieux, gros concerts et sens aiguë de la fête. Un orchestre qui tourne en profitant au maximum de ce qui leur arrive, lucide sur la chance qu'ils ont, sincère dans l'attitude, responsable dans leur choix et leurs engagements. Le punk rock au service de la classe.
Quand on écrit ce genre de tube, on mérite que le respect et le dévouement total.

Wank For Peace " What if that was political ?"
Foolish, Wank For Peace, Charly Fiasco & crew - Kiev, Ukraine.
Photo by Ben De Palma
Voilà, tout ça pour dire que le punk rock c'est ma putain de vie, mais je besoin de voyager autrement. J'ai besoin de rencontrer des gens différemment qu'au travers d'une relation faussée par des centres d'intérêts communs déjà pré établis. Facile de taper la causette à l'angle du zinc, au premier gazier croisé, celui qui arbore fièrement une veste à patch orné de logos Black Flag, ou Dead Kennedys. On aura toujours de quoi jacter sur la reformation du combo californien, et l'absence de Rollins en son sein. L'équation relationnelle en devient plus qu'évidente à résoudre.  

J'ai pris un an de congé sabbatique. Avec Géraldine, on va faire une sorte de tour du monde. Le genre de truc que tu rêves quand t'es marmot après avoir lu ton premier Kerouac. On va peut être s'arrêter à Londres avant même d'avoir pris le deuxième avion mais au moins on aura essayé.
"On va pas perdre sa vie à la gagner" qu'ils disaient. Un an à vadrouiller autour du monde avec celle qui a le courage de partager mon quotidien depuis un nombre de mois qui commence à devenir difficile à calculer sur ses doigts de pied. On va travailler un peu pour manger, beaucoup pour nous rendre à la destination suivante, vivre comme un couple de beatnik, et voir le lendemain comment on peut organiser la veille. Le simple fait de se réveiller le lundi matin sans penser à la semaine de travail qui s'annonce suffit à me réjouir pour tout l'été. Un an à quitter son confort, un an avec la route pour seule maison. On sait ce que l'on quitte, on ne sait guère ce que l'on retrouvera. J'ai réfléchi en amont à tout ce que je laissais, aux conséquences de ce choix égoïste,  au fait de partir et de ne pas voir vieillir ses proches (Coucou Ginette et Lucienne). 
J'ai beaucoup pensé à tout ce que je mettais en parenthèse, en particulier les groupes dans lesquels j'essaie de jouer. Le risque de voir tout ce qu'on a construit à plusieurs, s'éteindre, soufflé par le vent de l'inactivité. Que nenni. On attaquera le prochain disque de Charly Fiasco dès mon retour, et c'est l'élégant Francesco Brown qui va me remplacer à la mitraillette à 6 cordes dans Lame Shot!
C'est juste une petite digression dans notre humble existence, l'histoire de mettre un gros coup de ripaton à la créativité,  et de souffler un peu sur ce sordide agenda rythmé par le travail.  Je vais en profiter pour mettre le temps libre à profit, et réfléchir de mon coté au prochain disque des Fiasco, certainement gratter quelques lignes pour un projet écrit qui me tanne depuis un moment, et jouir sans merci du temps qui s'écoule.
Canada - USA - Amérique Centrale - Amérique du Sud - Australie - Nouvelle Zélande - Asie du Sud Est - Inde pour ce qui est du routing grossier du voyage. Si vous êtes sur la route au même moment, ou que vous voulez partager des infos et des bons plans, n'hésitez pas à envoyer un courrier électronique.
Restez brancher sur ce blog, il y aura par voie de conséquences, matière à le nourrir considérablement.
On décolle le 2 septembre 2013 et on atterri au mois de Juillet 2014.
See you on the road folks.