vendredi 3 octobre 2014

La douloureuse.

La rentrée c'est toujours une période délicate, en particulier quand tu travailles avec des enfants. Tous les souvenirs de jeunesse, cartable sur le dos, remontent lentement à la surface. J'oublierai pas cette rentrée de Septembre 2014, comme je n'oublierai jamais celle Septembre 1989. Elles ont pour point commun cette insipidité prévisible mélangée à ce trac qui te foudroie quelques secondes avant de franchir le portail de l'adversité. Bref, repartir au travail après 1an de voyage, c'est comme lâcher la main de son père avant la rentrée au cours préparatoire : la grande pétoche !
Passons donc à autre chose, laissons de coté les plaintes, et les grands discours passéistes. Il faut rebondir, mettre de coté les tracas administratifs relatifs au retour dans l'hexagone, reprendre le train en marche et s'installer uniquement dans le bon wagon.
Dans ce bon wagon, il y a  la famille, les ami(e)s, les orchestres de punk rock et toute une collection de disques, de livres, de films et de réjouissances en tout genre, sorties l'an passé pendant que nous étions sur la route. 1 an à rattraper, ça donne toute de même envie de croquer la vie, tous chicos dehors.
Voici par exemple 3 bouquins, qui ont retenu mon attention ce premier mois de Septembre de ma nouvelle vie.

"Autobiographie incomplète et romancée d'un chanteur méconnu"
Nicolas Lafforgue et Marion Méard, Autoproduction.

Nicolas est le chanteur de Bruit Qui Court. Un groupe de rock sans guitares. Oui je sais, il devrait avoir une loi qui interdit l'absence de fusil à 6 cordes dans un groupe amplifié. Il devrait avoir des gens qui se révoltent contre cela. Mais voilà, ce n'est pas pareil avec Nico et ses comparses. L'exception qui confirme la règle sans doute. Je suis littéralement fanatique du dernier disque. Un brulot cinglant de rock scandé, et militant. Entre rock, punk et noise, une énergie au service des plus beaux textes du circuit. Chanté dans la langue de Brassens bien sur.
Je me suis retrouvé sur le tournage d'un des 2 clips filmés à l'occasion de la sortie de la dernière galette. Toujours un moyen de me rapprocher discrètement du casting de Plus Belle La Vie. Entre les prises, je suis tombé sur ce livre écrit par Nicolas et illustré à merveille par Marion Méard. Plus de 10 ans de tournée, dans tous les recoins de l'hexagone, et le meilleur des anecdotes compilé dans les pages de ce recueil, tout en rouge et noir. Des histoires, des réflexions, des mots simples et justes, pour raconter la vie d'un groupe en tournée. Il en fait pas des caisses le Nicolas, il raconte humblement des fables qui rythment sa vie depuis toutes ces années. Il n'y a guère de regret, ou d'amertume, juste des lignes pleine d'humour, qu'il soit dans une position de musicien ou d'organisateur de concert. Je vous ferais bien un best of des plus beaux récits du monsieur, mais j'ai dévoré ses mots lors de la journée de tournage. Le livre est resté sur les lieux du crime. Il ne vous reste qu'à faire comme moi, en passant commande. C'est par ici --> Coucou.

"Explosions textiles : Mon premier tee-shirt de groupe"
45 auteurs. Compil by Nasty Samy. Kicking Books, Everyday is like Sunday.


Damned! Le Nasty Samy est de retour avec un énième projet de livre. Respect éternel à son intarissable vivacité. Le gars est inépuisable. Toujours dans le mouvement, les pieds droits dans les baskets, le museau vissé sur l'écran, ou les esgourdes qui sondent le mixage d'un nouveau disque. Je suis resté attentif à son activité même à l'autre bout de la planète, afin d'être sur de rien rater. Ce livre, justement, que j'aurais adoré lire dans une auberge en Asie du Sud Est, plutôt que de me taper les récits de voyage de quelques va-nu-pieds qui se laissent pousser les dreadlocks. 45 auteurs, pour 45 anecdotes sur l'acquisition de son premier tee-shirt de groupe de rock. On parle bien de rock ici, (attention, je vous rappelle que U2 n'est pas un groupe de rock), de punk rock, de trash, de heavy métal, ou de hard rock. Vous aurez bien compris que évoquer ce fameux chandail n'est qu'une belle excuse pour remonter dans le temps et revenir dans cette magnifique période de vie qu'est l'adolescence. Les auteurs, qu'ils soient musiciens, écrivains, activistes ou journalistes, se sont donnés à coeur joie pour sortir les vieux dossiers. D'anecdotes épiques, en situations embarrassantes, ce livre c'est le nôtre, on se retrouvera tous quelque part dans l'une des histoires racontées. C'est certainement votre premier tee shirt de groupe qui vous a sauvé la vie. Il était temps de le rappeler. Moi j'ai toujours le mien. Il est un peu petit pour ma carcasse de jeune adulte, mais je préfère perdre mon passeport que ce vieux bout de tissus. Mention spéciale à Vincent Mondiot pour l'ensemble de sa participation. Belle découverte. Pour commander --> C'est par là.

"T'arrives ou tu repars"
Matgaz, Kicking books


Aux premiers abords, rien d'intéressant pour moi derrière cette jolie couverture aux allures de bande dessinée. Les groupes,dans lesquels officie derrière les fûts, Matgaz, notre auteur ne me "parlent" absolument pas. Je ne connais ni Mars Red Sky, ni ce fameux James Leg. Je n'ai jamais vraiment écouté à vrai dire. Honte à moi.  Le plan "récit de tournée", c'est quand même toujours la même rengaine...Conduire, jouer, dormir et bis répétita, je la connais un peu l'histoire, et ça ne vaut pas le coup de faire un bouquin. A moins que l'on ne parle absolument pas de musique ou de ce qu'il y a autour. Ca ne m'intéresse pas de savoir si t'as fait une balance ou un line check, ou ce qu'il y avait dans la gamelle avant de monter sur scène. J'ai eu du mal à rentrer dans ce livre. Enfin, il m'a fallu quelques pages. Le temps de s'habituer à l'écriture du Matgaz en question. S'habituer au succulent vocabulaire charentais, comprendre un peu ses goûts en matière de musique, d'habitudes de vie, et puis c'est parti. Impossible de lâcher le bougre. Ecriture bourrée d'humour et de sarcasmes, des expressions rurales à tout va, on a bien l'impression qu'il nous a fait une petite place dans le camion pour partager l'histoire avec lui. Le fait, qu'il ne sache pas orthographier "hipster", aurait du me mettre la puce à l'oreille sur les toutes qualités du jeune homme. Le fait qu'il soit fan de Springsteen aussi. Parfait de bout en bout. Comme quoi, va falloir que je remette en question mes principes.
Commande : Salut !

Allez hop, je file, il y a plus de café dans le mug. Je vais délaisser un peu ce site. Je m'attaque à un truc un peu plus conséquent dans les mois qui viennent. Faudra pas trop m'en vouloir. Je ne sais pas trop si j'ai les épaules pour la chose qui suit, où si je vais flatuler plus haut que le bas du dos, mais je me dois d'essayer. Restez dans le coin pour plus d'infos !

jeudi 28 août 2014

India, last chance to dance.

 Nous sommes rentrés. Tout porte désormais à croire que le voyage est fini. Nous sommes déjà à la fin du mois d'Août, la France est en congé pour quelques jours encore, et tandis que nous digérons péniblement ce retour, je m'aperçois que je manque de rigueur sur la conduite de ce site qui nous a accompagné ces onze derniers mois. Je prendrai certainement du temps pour décrire ce sentiment étrange qui traine au fond des tripes depuis le retour à la réalité hexagonale. Pour l'heure, impossible de clore le chapitre, sans évoquer le gros mois passé en Inde, sorte de bouquet final de l'aventure. La "cerise sur le ghetto" aurait parié un rimeur français sur le déclin. 
"L'Inde est une anarchie qui fonctionne" gribouilla un jour un célèbre économiste dont le nom m'échappe. On ne tiendra pas rigueur au gentil monsieur sur le sens originel du terme "anarchie", puisque l'autorité est malgré tout présente dans les différents états indiens mais on peut certainement  lui donner raison sur le chaleureux désordre ambiant qui règne sur l'ensemble du territoire.
Comme une course effrénée d'un myope, qui termine la face écrasée sur le double vitrage de la porte fenêtre de la cuisine, on prend l'Inde en pleine face. On se retrouve avec quelques marques au visage, mais on adore y revenir au cas où on aurait oublié l'effet que cela fait. Tu aimes ou tu détestes, choqué ou entiché, par cette rencontre avec un peuple authentique et différent. Tellement différent.
C'est ma deuxième visite en Inde. Complètement submergé émotionnellement lors de mon précédent retour en France en 2006, j'appréhendais cette nouvelle visite. On entend, et on lit des tas de choses sur ce pays, qui semble être en prise avec une dimension mystique difficilement descriptible. J'ai beau  accrocher fièrement la bannière de l'athéisme à la sangle de mon sac à dos, difficile de ne pas succomber à cette envoutante atmosphère, belle et bien religieuse.
Nous avons donc atterri à Triplicane, dans le quartier musulman de Chennai, dans le sud du pays. J'y retrouve mes marques, des odeurs, des concerts de klaxons, des frimousses familières et un bordel qui me rassure. 
Quelques heures seulement après avoir déposé bagages, Vishuah, "agent" et businessman dans l'industrie cinématographique Tamoule, nous propose une petite semaine de figuration dans différentes productions locales. Boum, c'est parti! Nous serons, danseurs ou médecins, patients et courageux lors de ces interminables journées de créations audiovisuelles. Pour quelques rupees par jour, un plumard à l'oeil, et un repas gratuit, on fait pas non plus les difficiles. 
Puis, nous avons repris la route ou plutôt les rails. On ne tient pas en place. Cinq nuits dans le même endroit, et c'est déjà trop long. Dans ses trains indiens pour remonter vers le nord, nous avons rencontré des milliers de gens. Dans des compartiments pour 6, nous étions parfois une bonne vingtaine à s'échanger des fluides corporels et des verres d'eau au délicat pouvoir de destruction intestinale. Ces trajets de minimum 24 heures, nous ont menés jusqu'à Bombay, capitale économique du pays,  et ville aux contrastes saisissants. Au cinéma de Colaba, nous avons dégusté la qualité du cinéma Bollywoodien,  et l'incroyable attitude des spectateurs, toujours actifs et exaltés par l'action en cours. En Inde, on va au cinéma comme on peut aller voir un match de criquet. On s'adresse aux personnages à l'écran comme s'ils allaient nous répondre. Plus l'apostrophe sera bruyante, plus le héros aura sans doute de chance de vous adresser la réplique suivante. Il faut avoir une âme d'enfant, se lever quand c'est nécessaire et applaudir à s'en rougir les mains pendant le bisous de la scène finale. Aucun souci, on adhère à 200 pour cent. Un film dont vous pourriez être le héros. Le spectateur devient acteur. Ces gens là ont tout compris. 
Puis Varanasi, la cité mystique, les bords du Gange, les crémations, les ablations, les journées à l'hôpital à éponger toute l'eau partagée dans le train suscité, et la fatigue qui commence à nous gagner. Halte à toutes les vilains becs caustiques qui défendent des thèses nihilistes pour décrire le quotidien du voyage. Toute expérience de pérégrination est éprouvante, mais l'Inde va au delà, elle te scie les jambes, et parfois le moral. 
A Pushkar, comme à Delhi, on s'est mis à sérieusement à penser au retour. Aux tracas que nous allions retrouver, une fois le pied posé sur le tarmac de la ville rose. Alors, on a reprit une nouvelle mobylette, une énième motocyclette pour rejoindre Sohna, Marco, ou Papu. On s'est incrusté dans un mariage, on a claqué la bise aux chameaux, puis on a pris un dernier bus de nuit.
Et on a finit par revenir. Je suis même allé au cinéma. Le film était nul, j'ai pas applaudit, ni crié, ni sifflé une seule fois.  Le siège était confortable, et mon voisin avait pris le soin de laisser exactement 6 fauteuils entre nous. 
Tout est rentré dans l'ordre. Je sais maintenant que j'aime pas trop l'ordre. Je suis sur que je préfère l'Inde.











samedi 5 juillet 2014

Pratet Tha

La Thaïlande, en pleine crise politique, on s'attendait à débouler dans une ambiance largement moins festive que celle à laquelle nous nous sommes confrontés à Krabi, dans le sud du pays. Vie nocturne animée, stands de bouffe en effervescence, et enfilade de sourires par pack de douze. Autrement dit, le coup d'état qui frappe le pays, laissant ainsi le pouvoir à l'armée, n'atteint donc pas les cohortes de touristes et l'industrie qui en découle. Car, le nerf de la guerre est bien là, ce charmant territoire, idéalement situé au coeur de l'Asie du sud-est, doit être l'une des destinations les plus prisées de nos camarades backpackers venus du monde entier.
On a remonté le pays du sud vers le nord, du haut vers le bas. On a évité de le faire comme l'on remonte la fermeture éclair de son coupe vent en période de mousson, vite fait, mal fait. Car pour éviter les gangs de touristes présents, il faut prendre le temps d'apprivoiser ces kilomètres de paysages aussi différents que surprenants. Le sud et ses îles, panoramas pour cartes postales, nous a fait découvrir les joies de la vie sous marine et les longs trajets en scooter sur chemins écornés.
 Il y avait cette tortue, Nathalie, qui nous a pas lâchés d'une carapace lors de la randonnée sous gaz comprimé. C'est cool les tortues. Un flegme naturel déconcertant, des déplacements toujours plein de grâce et une faculté à charmer ses compagnons de route indéniable. C'était mon animal préféré en classe de primaire. Depuis, le grandiose lama a pris la place de numéro 1, mais ce séjour sur les îles m'a permis de renouer avec ma passion enfantine.
Dans le sud, toujours noyés dans les hordes de voyageurs, nous avons gouté aux performances locales dans les bars pour adultes responsables. Dans des cabarets nocturnes, les demoiselles pas chaudement habillées, s'adonnent à des lancées de fléchettes originaux pour faire remonter la libido de certains russes en mal de sensations.
Prachuap Khiri Khan, petite ville au milieu de rien restera le meilleur souvenir. Plus de touristes, plus de relations faussées, juste des villageois détendus, prêts à rendre service et faire découvrir la culture locale. Nous y avons croisé la route de Dom, qui terminait calmement ses 5 mois de voyage en Asie. Un homme, qui a trouvé dans le voyage, la meilleure thérapie pour combattre ses vieux démons.



Bangkok, impressionante métropole, cache les meilleurs massages du monde, ainsi que la nourriture de rue la plus délicieuse du voyage (après le Mexique bien entendu). Le couvre feu, qui frappa la capitale durant notre visite, fût un bon pied de biche pour déclencher les conversations avec les locaux. Dans les bus de ville, comme dans les salles d'attente des administrations, lors de nombreuses rencontres impromptues, j'ai essayé de titiller un maximum chacun de mes interlocuteurs sur la situation politique actuelle. Mais chacun semble fermé à la discussion, tant la conjoncture semble être délicate pour les habitants.  Le sujet est donc réel, mais diablement tabou.
Autre élément important, et vecteur de bonheur en terre Thaïlandaise : le moyen de se déplacer. Ici, c'est la motocyclette. Autrement appelé : l'Harley Thaïvidson. Idéal pour parcourir des centaines de kilomètres entre jungles et montagnes dans le nord du pays.
 En essayant de fuir les touristes, nous avons rejoint Pai depuis Chiang Mai, sur ce puissant deux roues, à la rencontre des éléphants, des plantations de café, et des terribles colères de la mousson.
Puis, les visas pour l'Inde sont finalement arrivés à l'ambassade de Bangkok et le calendrier a cru bon de nous rappeler que l'on avait pas toute la vie devant nous non plus. Alors, on a embarqué dans notre  douzième avion, direction Chennai, Inde.



Prachuap Khiri Khan
 Ao Noi Bay
Boat driver - Bangkok
Paiwittayakran School, somewhere in the north. 
Koh PhiPhi
Koh Tao

dimanche 15 juin 2014

Dans la besace.

J'arrive désormais à me l'avouer, il m'arrive de fréquenter les blogs féminins. Pas d'espionnage pervers de seconde zone, juste une simple curiosité amplifiée par les successions de liens croisées sur cette bonne vieille toile.  J'ai mon petit Top 5, que je délivrerai uniquement sous la torture, mais je dois avouer que tout cela m'intéresse. C'est comme passer une petite heure dans la salle d'attente du médecin, sans se taper l'actualité du Prince William en tournée en Australie. On trie, on sélectionne le plus intriguant, et c'est parti pour quelques bonnes minutes de régalade anonyme.
Il y a quelques jours, nous étions à Bangkok, dans l'attente pour nos visas pour l'Inde. Je me suis souvenu de ce blog qui demandait à ses lecteurs d'envoyer une photo des objets qu'ils embarqueraient sur une île déserte s'ils devaient y terminer leurs jours peinards. Puis je suis tombé sur ce merveilleux site. Profitant de ces quelques heures de transit, j'ai donc demandé à Géraldine de vider son petit sac à dos, avant de faire de même. Certes, il manque quelques objets, en escale dans un coin de la chambre, mais l'essentiel y est. Pas de tricherie, voici les objets que nous trimballons en permanence avec nous depuis le premier jour où nous avons pris la route. Je vous épargne le contenu du gros sac qui nous sert de carapace, c'est aussi intéressant qu'un vide grenier devant la maison témoin de Monné Decroix. C'est Gégé qui commence... Ladies first.
ps : Si tu cliques sur la photo, elle s'agrandit. Magique. 


Géraldine
A. Photocopies de passeport : Evidemment, au moment qui nous concerne, les passeports sont dans les mains de l'ambassade d'Inde à Bangkok. Toujours avoir un moyen de justifier son identité, même si c'est une vieille photocopie rincée par une sortie sous la mousson.
B. Des tonnes de livres : L'ennemi numéro 1 du voyageur, c'est le poids. Géraldine est au courant, mais cela ne lui empêche pas de se trimballer minimum trois bouquins. Elle en échange dans les auberges du monde entier, de manière à satisfaire sa soif de lecture ainsi que son lumbago du retour. Sur chacun des livres, elle prend le soin d'inscrire la ville où il a été échangé, ainsi que l'endroit où il sera déposé. Parce que le livre a le droit de prouver qu'il voyage aussi. 
C. Appareil-photo : Difficile de partir sans appareil-photo, mais difficile aussi de dégainer en toutes circonstances. Cette machine là, c'est un excellent moyen de satisfaire son désir de créativité et de se fabriquer une deuxième disque dur de mémoire, mais cela peut aussi parfois être perçu comme un attirail agressif pour des gens qui n'ont rien à secouer que tu te souviennes de leur magnifique sourire. A manipuler avec précaution.
D. Gourde : Elle a accueilli de l'eau fraiche dans les jungles tropicales de Bolivie, du thé bien chaud sur les tracteurs en Tasmanie, ou même des infusions de feuilles de coca au Pérou. Toujours avoir une gourde à ses cotés, ça rafraichit l'organisme comme la confiance en soi. 
E. Le pécule : Oui, c'est Géraldine qui gère les finances. On ne va pas se mentir, si la tâche m'avait été confiée, on serait encore à se demander comment se payer un lift pour Québec City. Je serais aussi certainement encore serveur pour ces vieilles rombières pleines aux as sur les hauteurs de Montréal.
F. Bigophone cellulaire anciennement intelligent  : Quand il arrive à donner l'heure, c'est déjà un franc succès. 
G. Cartes de visite : Echantillon d'une collection ahurissante de ces petit bouts de papiers qui ornent les comptoirs du monde entier. Un moyen efficace pour remplir le scrapbook de la jeune fille, comme pour filer les bons tuyaux aux voyageurs croisés sur la route.
H. Chapeau de paille : Un chapeau acheté à Melaka, Malaisie. Deux mois que je lui fais croire qu'il lui va parfaitement bien alors qu'il est manifestement bien trop petit. Il protège du soleil, et c'est tout là l'essentiel. Gardons ça entre nous, si vous le voulez bien. 
I. Crème solaire + anti-moustique : L'épiderme de toubab est un sérieux client pour permettre au soleil comme aux moustiques de s'exprimer. Une peau blanche en rentrant en France, c'est pas cool pour la "Travelling Cred", mais c'est largement mieux qu'un cancer de la peau. 
J. Sac n°12 : Je ne sais pas ou sont passés les 11 premiers. Je ne sais pas trop ce qu'il y a dedans non plus. 
Romain
1. Echarpe colombienne : Un souvenir d'une soirée festive à Bogota en compagnie de nos potes Seb et Adriana. J'ai toujours du mal à me séparer de ce genre de trucs. Trop de bon souvenirs associés à la Colombie. Certainement mon pays coup de coeur depuis le début du voyage.
2. Portefeuille d'adolescent : Il traîne au fond du sac, sans vraiment pointer le bout de sa fermeture éclair. Il abrite des cartes de métro de Montréal, New-York ou Singapour, et même ma carte d'adhérent au 924 Gilman Street à San Francisco. C'est un cadeau de mon pote Jean Remi alors j'y fais très attention.
3. Lampe - Torche : Un produit signé K-mart, cette magnifique grande surface australienne. Un  outil indispensable pendant notre long séjour sous tente en Tasmanie, un objet toujours cool pour organiser des vieilles farces inspirées de nos colonies de vacances d'antan.
4. Un livre : Il se trouve qu'en ce moment c'est "La peste" d'Albert Camus. Après "L'étranger", nous sommes retombés sur ce gros classique de la littérature française dans une auberge tasmanienne. En le lisant au milieu de mes années collège, je ne m'étais guère rendu compte du génie de l'auteur. Une chronique à huit clos d'une vie quotidienne difficilement surmontable dans le Oran du milieu du siècle dernier. Majestueux.
5. Cahier de notes :  J'avais ramené ce joli cahier lors de mon premier séjour en Inde en 2008. Il rassemble quelques notes prises à la volée, des bouts de texte de chansons, des adresses ou des grandioses dessins de palmier.
6. Trousse à gouter : Un présent de Géraldine aux couleurs de l'un de mes superhéros préféré. J'y cache tout le matériel nécessaire au bon fonctionnement des objets électroniques qui vont suivre dans votre lecture. C'est ma trousse préféré depuis celle que j'avais cassé lors de mon 3ème trimestre de CE2.
7. Laptop : Mon meilleur copain sur la route, mon cyber lien social, mais aussi et surtout un instrument génial pour agencer des textes, et organiser le voyage au quotidien. Il est ardemment protégé par les objets  visibles sur le numéro 14. Don't mess.
8.  Bois sacré : Un fragment mystique ramené par mon pote Brice lors de son voyage en Amérique du Sud. J'en ai croisé sur le marché aux sorcières de La Paz, en Bolivie, il y a quelques mois. On ne connaitra jamais les vertus protectrices, mais le bois apporte une odeur agréable à l'ensemble du sac.
9. Un marqueur indélébile : J'ai quitté le milieu du graffiti assez tôt. J'étais dépourvu d'un quelconque talent, puis je me suis fais chopper au lycée. Je crois que les quelques heures de T.I.G en punition ont eu leur petit effet. Alors le marqueur, c'est uniquement pour inscrire les destinations sur le carton quand on se lance dans des journées d'autostop. True story.
10. Cluques Anti-UV : Un cadeau pour mes 30 balais. Indispensables sur la route avant de se retrouver mal voyant à 40 berges. Déjà que je suis un peu sourd.
11. Téléphone intelligent + Ecouteurs : Comme il en est question dans cet article, j'écoute toujours beaucoup de musique. Les smartphones, c'est toujours un bon plan pour prendre des photos à l'arrachée. D'ailleurs, il y a quasiment aucunes jolies photos dans mon téléphone, juste des images susceptibles de plaire à Instagram.com
12. L'adaptateur : Chaque pays possède sa prise de courant différente. Ce petit bijou permet de s'adapter partout. J'adore ce truc, je sculpterai volontiers de mes mains une statue à l'effigie du type qui a inventé ce chef d'oeuvre.
13. Les guides : Inutile de vous dire que l'on ne se trimballe pas depuis le début avec la collection entière de tous les pays que l'on traverse. Les guides s'échangent dans les auberges pour voyageurs assez facilement. On a même appris à les lire en Anglais ou en Espagnol. En Bolivie, j'ai échangé notre guide australien contre une casserole. Je pense avoir fait une affaire.
14. Couteaux : Je ne l'explique pas vraiment, mais je suis découvert une passion pour les couteaux. Chaque pays possède un artisanat local toujours fascinant. Je me retiens quand même, pour ne pas passer pour un dangereux criminel aux frontières. Et puis n'oubliez jamais d'écouter Crocodile Dundee. La leçon c'est par ICI !
15. Bandana : Un souvenir du Mexique, idéal pour les treks dans les jungles. J'arrive pas à croire que je ne l'ai pas encore égaré.
A plus dans l'autobus, à bientôt dans le rickshaw.

jeudi 5 juin 2014

Singapour - Malaisie

L'ambiance hivernale Tasmanienne commençait à peser. Cette sensation étrange d'habiter dans un réfrigérateur la journée, puis dans son petit frère congélateur dès que l'obscurité tombait, est devenue de plus en plus pénible. J'aime bien le camping, la promiscuité de la tente et de la vie en collectivité, mais "all good things come to an end" comme dit l'adage populaire. Le tourisme sous toile, la prochaine fois ça sera en slip de bain, moustache calamistrée, et arpions en chasse mouche.
Singapour, la grosse mégalopole indépendante, s'imposa comme première étape de notre retour à la vie itinérante. Nous avons eu chaud, très chaud, les premiers jours, après avoir foulés le sol asiatique. Une sudation prestigieuse qui a transformé chacun de nos vêtements en une serpillière crapoteuse que l'on croise régulièrement chez les populations nomades européennes. Ces vêtements, puisque nous en sommes à évoquer notre accoutrement ; ces fringues sont quasiment les mêmes depuis maintenant dix mois. Dix mois, que nous sommes habillés pareil, à quelques débardeurs près. Dix mois, que les tergiversations devant le miroir pour savoir quel chandail fusionnera le mieux avec son camarade du dessous ont disparu. Nos parures favorites, sont devenues des costumes étranges qui font désormais partis à part entière de nos enveloppes corporelles. Une espèce de carapace en tissu, qui évolue beaucoup moins vite que l'environnement qui nous entoure. Bref, on s'habille pareil tous les jours, et ça n'a l'air de déranger personne. Tant mieux.
A Singapour, il y a deux choses qui rythment la vie des autochtones : La pitance et le shopping. On mange bien, puis on fait les courses. Ou l'inverse. On a essayé de faire un peu de magasinage pour essayer de révoquer la question abordée ci dessus, mais la haute qualité de la gastronomie asiatique, nous a vite fait abandonner nos désirs de nouveauté vestimentaire. Nous y avons retrouvé la famille de Géraldine, et Rachel, notre vieille copine du quartier St Aubin. Elle a fondé une famille à Singapour, trouvant  équilibre et stabilité de vie. Ca fait du bien de revoir les proches. Une aire de repos sur l'autoroute du voyage, une pause méritée, qui réconforte et revigore à la fois. Dans cette ville multiculturelle, où règne tolérance religieuse et confort de vie, au service d'une cohésion sociale rarement rencontrée, nous avons trainé semelles et besaces. Déambulants dans la vieille ville, comme à l'intérieur de cette nouvelle ossature urbaine, nous avons vadrouillé sur ces trottoirs bien trop propres, les billes grandes ouvertes dans les temples, comme dans les gros complexes commerciaux. On l'a prise en pleine tronche. Le temps de se refaire ajuster la cloison nasale, de faire un succinct détour vers une ile indonésienne, puis nous avons repris la route.



by night
Batam Island, Indonesia
Mother & daughter, Batam Island

La Malaisie, représente à notre niveau, le retour à la vie de bohème, aux rencontres éphémères et à notre rythme de voyage. On a voulu repartir sur le tempo acquis en Amérique du sud. La partition latine sonnait bien, alors on s'est dit qu'on aurait pas de mal à se retrouver sur ce swing endiablé. Mais les deux mois passés en Tasmanie, ont vraisemblablement laissé une trace sensible sur l'organisme, et nos dispositions physiques. Alors, on a ajusté le métronome, et on s'est laissé guider par l'allure locale.
Surprenante de part sa multiplicité ethnique, je me suis perdu les premiers jours à savoir quelle langue, nos nouveaux copains employaient. Entre les communautés tamoules, indiennes, chinoises, ou malaises, difficile de se frayer un chemin vers le début d'une relation sociale. Un pingouin au milieu du désert, je vous dis. Puis quelques tirades volées à droite à gauche, ont suffit à lubrifier le conduit, et on a pu commencer à causer. Le pays ancré dans une dualité évidente offre un visage à double face. D'une part, les grandes villes : coloniales, industrialisées, et d'une richesse culturelle évidente, puis de l'autre, la jungle, la campagne, les montagnes, les paysages incroyables abritants une faune et une flore à remettre sur pied Sylvain Augier. On est parti donc claquer la bise aux singes, varans, serpents, et autres coquins qui fleurissent dans les régions rurales du pays. De Melaka à l'île de Tioman, on a fait un bout de route avec Flo et Greg. On rencontre toujours des gens pour partager un peu de temps. Certains sont en vacances pour 15 jours, d'autres pour plusieurs mois, certains rentreront peut être jamais. Greg et Flo rentrent toujours, pour mieux repartir. Quelques mois en France, histoire de renflouer la besace, et ils repartent à l'autre bout du globe. Un mode de vie qui fait réfléchir. On y a passé beaucoup plus de temps que prévu. A chaque fois, que nous décidions de remonter vers le nord, on croisait toujours un signe qui nous faisait retarder le départ vers la Thaïlande. Puis dans un bus de nuit, direction Georges Town, on ne s'est pas réveillé pour descendre. On s'est donc retrouvé en Thaïlande. Sans vraiment le vouloir. 








dimanche 25 mai 2014

Liste à jouer.

La fin du voyage commence à pointer le bout de son nez. On commence à se faire à l'idée, à anticiper le retour, à faire le bilan de ces derniers mois. Le cafard nous rappelle même son existence lors d'innombrables cauchemars nocturnes. Mais il est un constat probant, quand je cogite sur ces derniers mois : Je pense ne jamais avoir écouté autant de musique. Tous ces trajets ont besoin de bande originale. Une ville, une plage, un pays, une rencontre, chaque moment devrait avoir droit à son association musicale. Mais tant que le dernier avion n'aura pas posé ses petites roues sur le tarmac de Toulouse Blagnac, on sera toujours sur la route. Encore et toujours. Les feuilles bien au chaud dans des disques qui sont comme des compagnons de route.
Voici les 10 galettes qui tournent en boucle dans le lecteur numérique depuis quelques semaines. 

NOT SCIENTISTS " Leave stickers on our graves" 
Nouvelle orchestre français, mais des frimousses qu’on a l’habitude de croiser sur les scènes hexagonales et ailleurs depuis quelques années. Je ne vous ressors pas le casting, vous avez vite compris que ce n’est pas à ces gugusses là que tu vas apprendre à composer une chanson de punk rock. 6 titres entre entre pop punk, indie pop, en levant le pied sur le gain des guitares. Je pense à Dead to me, One man Army, et toute la bande. Le chant et les harmonies sont impeccables, sans enlever en énergie et pugnacité. S’il existe sur terre, quelqu’un qui a écouté ce premier disque plus que moi, qu’il lève le doigt où ne se taise à jamais. 


JUSTIN(E) "d+/m-"
Ils sont remarquables ces champions de foot de Loire Atlantique. Toujours régulièrement productifs, malgré leurs emplois du temps chargés à chacun. J’ai craqué, j’ai envoyé un mail à Fabien pour qu’il m’envoie les mp3, tanné d’écouter le disque sur bandcamp, quand je pouvais voler un peu de wifi dans un terminal de bus. Une pochette inspirée du test Szondi, des paroles toujours singulièrement bien écrites, des titres peut être plus mid tempo que sur le précédent effort, mais toujours diablement efficaces. Entre la classe et le génie, Justin(e) est en train de mettre une grosse trace de crampons sur le terrain du rock français.

THE BILLEXCITED  "Demo"
Nouveau groupe de Pat, mon pote de toujours. J’ai l’impression qu’il y trouve bien son compte dans cette formule rockabilly, rock’n’roll et autres sensations pour adeptes des performances capillaires gominées. Il y a un grain de folie dans le chant qui me rappelle sa personnalité, en apportant donc une touche d’originalité dans un genre pourtant largement épongé. Première démo, premières scènes, j’ai hâte de voir ce vieux coquin et ses comparses en rentrant afin de me faire valser les rotules. 



FLYING DONUTS "Still active"
Retour du trio vosgien en pleine forme. 14 titres, production à la hauteur de leur précision scénique, et petites collections de pépites de rock, naviguant aisément entre punk rock, power rock,  sans oublier quelques clins d’oeil appuyés au métal qu’ils affectionnent sans vergogne. Un nouvelle copie qui sort avec les félicitations du jury. Mention spéciale pour The Fuziness, tube en puissance. Foutez moi ce groupe dans un stade devant 80 000 personnes qui attendent Dave Grohl. Il est temps d’éduquer la plèbe et de filer à ces mecs le statut qu’ils méritent.


ALPHA WANN "Alph Lauren"
Hip hop non stop. J’écoute toujours plein de rap français, et cette nouvelle génération me revigore pour la décennie à venir. J’aime ce type, il a cette faculté à poser ses couplets différemment des autres.  Je ne saurais pas expliquer pourquoi. J’y connais pas grand chose au final. Jamais vraiment sur la caisse claire, il flirte avec le beat en rendant l’auditeur sceptique puis admiratif. L’influence de l’école américaine toujours en fond, il manque au jeune un peu plus de fond dans les textes pour finir de me séduire. Ca ne devrait pas tarder. 

BLACK PIGEON "On se partagera les miettes"
Niveau d'objectivité à zéro, c'est la famille, difficile de faire preuve d'impartialité. Autant le premier EP, est loin d'être en tête de gondole de mes goûts discographiques, autant je trouve que l'album est franchement réussi. Punk rock en français, textes sombres et actuels sur le monde qui nous entoure, et influences musicales piochées dans notre scène française comme chez nos voisins d'outre - atlantique. Ecouter ce disque, c'est certainement tenter de combler le manque. Loin des yeux, près du coeur, mais surtout près des oreilles.

THE LAWRENCE ARMS " Metropole"
J'en avais presque oublié leur existence à ces loustics. Bon je reste fan de Brendan Kelly. Le champion de l'humour et du gros fun dans la vie, mais certainement pas dans ses chansons. Encore un tourmenté du bulbe. Je le suis sur twitter comme sur ses disques depuis la période de Slapstick, alors je m'attache toujours à l'épier en cachette. Il a donc fallu jeter une esgourde à ce nouvel effort sorti chez le gros papa d'Epitaph. Rien à jeter, mid tempo punk rock, du songwriting de grande envergure, de belles histoires racontées en musique.
Parfait pour regarder défiler la route, bien calé à l'arrière du bus de nuit.
"I'm the chorus to that lonely street, just footsteps fading from a dying beat"



MIRACLES "Motels"
On les a vu à 2 reprises en spectacle à Montréal, au tout début du voyage. J’avais été plus que convaincu par cette formule acoustique, nouveau projet d’Hugo et Fred (Yesterday’s ring/St Cath). Un disque chanté en français qui plus est, enregistré live dans des motels de la région québécoise. Un mélange de folk, de punk, de rock, soigneusement arrangé et merveilleusement accompagné par une pléiade d’invités de la belle province. Trois incartades au milieu du disque sur le chemin de la variété, il faut savoir coller les étiquettes quand elles ne grattent pas l’épiderme. Aucun soucis, j’adhère à fond.

NIGHT BIRDS "Born to die in Suburbia"
Des campagnards du New Jersey affirme la biographie de ce génialissime orchestre. Un statut revendiqué dans le titre de leur disque, et que l’on ressent tout au long de l’écoute. Entre punk rock, vieille école californienne (Dead Kennedys, Youth Brigade, Agent Orange…) et surf music cradingue sous stéroïdes. J’ai découvert  la semaine dernière profitant d’une connexion wifi d’une puissance assez incroyable pour être évoqué ici. Cet album accompagne tous mes déplacements longue durée en Thailande. Grosse sensation. Ils viennent de signer chez Fat wreck, je ne m’inquiète pas pour leur avenir. 
LE RAT LUCIANO "Mode de vie ... Béton style"
Je suis passé à coté lors de sa sortie il y a 14 ans, trop occupé à me combler les feuilles de décibels distordus, alors je rattrape le temps perdu. C’est un disque de rap mais je l’écoute comme un album de street punk trop chargé d’émotions. Le marseillais pose les parties génitales posées sur la table de mixage. Sincère, hargneux, brut, mais positif ; un témoignage social et personnel d’une époque qui n’a pas beaucoup évolué. Un bijou du patrimoine français. « C’est de la pure oeuvre de rue, un vrai conte de fée moderne ». C’est lui qui le dit.

mercredi 21 mai 2014

Tasmanie, Australie.

Il était beau et fringant, ce jeune couple belge croisé à Tupiza, dans le sud de la Bolivie. En échangeant nos expériences respectives de voyage et autres bons plans de route, nous en sommes arrivés à parler "budget", "gestion" et autres sujets de causerie qui m'intéressent autant que le cour du cacao à Londres. Mais il fallut se rendre à l'évidence, après six mois de route et un compte en banque directement relégué aux soins intensifs, nous étions tout disposés à entendre les meilleures théories, pour vite se refaire une santé financière. Ce frétillant gaillard et sa compagne nous ont donc suggéré de partir pour la Tasmanie, au sud-est de l'Australie, puisque leur expérience professionnelle sur l'île leur avait rapporté beaucoup d'argent en très peu de temps. A l'issu de cette simple anecdote, et sans s'accorder un quelconque temps de réflexion, nous avons pris un billet d'avion pour Hobart, capitale de l'état de Tasmanie. Tout comme Zidane, nous sommes partis sur un coup de tête.
Loin des images idylliques que nous servent les médias sur " l'Australie, ce nouvel eldorado pour les jeunes français", la réalité sur place est manifestement différente en particulier dans le domaine du travail saisonnier.  Dans différentes zones de camping, nous nous sommes retrouvés parfois une bonne trentaine issu des 4 coins du bocal, à mendier du travail auprès des fermes de la région. En auto stop, comme au bon vieux temps, voguant d'exploitations en exploitations, on a essayé de "vendre" péniblement notre professionnalisme et notre savoir faire unique au monde dans ce mouvement particulier, qui consiste à détacher ce noble fruit qui est la pomme, de la branche qui l'héberge. Et croyez moi, quand vous êtes rémunérés au rendement, le mouvement on l'acquière vite, mais mieux encore, on le répète à toute vitesse. Dans ce camping,  niché au milieu de la magnifique Huon Valley, nous avons finit par devenir une petite famille. Allemands,  italiens, chinois, canadiens, bref un casting pour Benetton qui se nourrit essentiellement de pâtes ou de riz. Nous étions mal payés, éreintés, mais heureux. Puis nous sommes remontés vers le nord de l'état, afin de rejoindre nos potes Fabrice & Charlotte. Quelques jours toujours dans le business de la pomme du coté d'Hillwood, à côtoyer Crocodile Dundee et consorts, puis la grande et flamboyante Pomme de Terre a fait irruption dans nos vies.
Home @ Cygnet, Huon Valley
living in the rows, Cygnet.
Enrik & Sven (Estonie), Hillwood.
Grâce aux démarches précédentes effectuées par Fabrice & Charlotte, nous nous sommes présentés aux portes de la charmante bourgade de Longford, au nord de Launceston, afin de remplir la mission d'ouvrier agricole. Toujours au camping, mais cette fois-ci dans des conditions quasi hivernales, nous avons donc partagé le quotidien d'une incroyable bande de locaux aux personnalités toutes aussi agréables les unes que les autres.
Il s'est ainsi déroulé un mois entier, où le réveil quotidiennement réglé à 5h30 nous a fait sortir de la tente pour nous installer sur des grosses moissonneuses, où nous étions chargés de trier ces charmantes patates toutes fraichement sorties de la terre. On en a vu passé de toutes les sortes. Des minuscules, des pourries, des juteuses, des rigolotes, des mickey mouse, des zizis, des black flag, la moindre excuse fût un prétexte à imaginer un scénario pour inventer une autre vie à ces tubercules.
Ce fût long et éprouvant, mais toujours dans une ambiance fraternelle bien propre à tous ces personnes qui fleurissent dans cette zone magnifiquement rurale.
A l'arrière des tracteurs, j'y ai retrouvé la passion de mon enfance. Les grosses machines, les roues plus grandes que papa, les chevaux qui poussent sous les capots, les séances de bricolage impromptues, mais aussi et surtout des gens simples.
Les Australiens les appellent : les "down to earth". Je n'ai toujours pas compris s' il y a une  touche d'ironie avec connotation péjorative dans l'expression, mais je ne vois guère comment cela est possible. Des gens simples, attentionnés, débordants d'imagination pour rendre service, qui auraient été prêts à tout donner pour te donner une vie plus facile. Ils s'appelaient Bloomy, Gary,  Jarod, Dylan, Tim, Cameron, Anthony, Andrew, Damian, Darryl ou bien David, et ils auront rendu ce voyage plus beau encore. Je pourrais déblatérer des heures en faisant l'éloge des gens avec qui nous avons travaillé à Longford, mais peut être qu'il suffirait de se plonger dans les chansons de country qui tournaient en boucle dans les pick-up des bonhommes pour se faire une idée de leur vie. Peut-être faudrait il écouter "Millworker" de James Taylor pour comprendre réellement leur quotidien.

Dylan, Jarod and the rotten spuds.

with Fabrice in the beast

Tea Break for GG
at work.
Et comme la vie est toujours bien faites, regardez donc qui a traduit les paroles de la chanson de James Taylor pour l'adapter en français. Une chanson qui permettra de mieux comprendre les propos ci dessus. Il est toujours là au bon moment le bougre. Le grand, le seul et l'unique : Mr Francis Cabrel.