mercredi 21 mai 2014

Tasmanie, Australie.

Il était beau et fringant, ce jeune couple belge croisé à Tupiza, dans le sud de la Bolivie. En échangeant nos expériences respectives de voyage et autres bons plans de route, nous en sommes arrivés à parler "budget", "gestion" et autres sujets de causerie qui m'intéressent autant que le cour du cacao à Londres. Mais il fallut se rendre à l'évidence, après six mois de route et un compte en banque directement relégué aux soins intensifs, nous étions tout disposés à entendre les meilleures théories, pour vite se refaire une santé financière. Ce frétillant gaillard et sa compagne nous ont donc suggéré de partir pour la Tasmanie, au sud-est de l'Australie, puisque leur expérience professionnelle sur l'île leur avait rapporté beaucoup d'argent en très peu de temps. A l'issu de cette simple anecdote, et sans s'accorder un quelconque temps de réflexion, nous avons pris un billet d'avion pour Hobart, capitale de l'état de Tasmanie. Tout comme Zidane, nous sommes partis sur un coup de tête.
Loin des images idylliques que nous servent les médias sur " l'Australie, ce nouvel eldorado pour les jeunes français", la réalité sur place est manifestement différente en particulier dans le domaine du travail saisonnier.  Dans différentes zones de camping, nous nous sommes retrouvés parfois une bonne trentaine issu des 4 coins du bocal, à mendier du travail auprès des fermes de la région. En auto stop, comme au bon vieux temps, voguant d'exploitations en exploitations, on a essayé de "vendre" péniblement notre professionnalisme et notre savoir faire unique au monde dans ce mouvement particulier, qui consiste à détacher ce noble fruit qui est la pomme, de la branche qui l'héberge. Et croyez moi, quand vous êtes rémunérés au rendement, le mouvement on l'acquière vite, mais mieux encore, on le répète à toute vitesse. Dans ce camping,  niché au milieu de la magnifique Huon Valley, nous avons finit par devenir une petite famille. Allemands,  italiens, chinois, canadiens, bref un casting pour Benetton qui se nourrit essentiellement de pâtes ou de riz. Nous étions mal payés, éreintés, mais heureux. Puis nous sommes remontés vers le nord de l'état, afin de rejoindre nos potes Fabrice & Charlotte. Quelques jours toujours dans le business de la pomme du coté d'Hillwood, à côtoyer Crocodile Dundee et consorts, puis la grande et flamboyante Pomme de Terre a fait irruption dans nos vies.
Home @ Cygnet, Huon Valley
living in the rows, Cygnet.
Enrik & Sven (Estonie), Hillwood.
Grâce aux démarches précédentes effectuées par Fabrice & Charlotte, nous nous sommes présentés aux portes de la charmante bourgade de Longford, au nord de Launceston, afin de remplir la mission d'ouvrier agricole. Toujours au camping, mais cette fois-ci dans des conditions quasi hivernales, nous avons donc partagé le quotidien d'une incroyable bande de locaux aux personnalités toutes aussi agréables les unes que les autres.
Il s'est ainsi déroulé un mois entier, où le réveil quotidiennement réglé à 5h30 nous a fait sortir de la tente pour nous installer sur des grosses moissonneuses, où nous étions chargés de trier ces charmantes patates toutes fraichement sorties de la terre. On en a vu passé de toutes les sortes. Des minuscules, des pourries, des juteuses, des rigolotes, des mickey mouse, des zizis, des black flag, la moindre excuse fût un prétexte à imaginer un scénario pour inventer une autre vie à ces tubercules.
Ce fût long et éprouvant, mais toujours dans une ambiance fraternelle bien propre à tous ces personnes qui fleurissent dans cette zone magnifiquement rurale.
A l'arrière des tracteurs, j'y ai retrouvé la passion de mon enfance. Les grosses machines, les roues plus grandes que papa, les chevaux qui poussent sous les capots, les séances de bricolage impromptues, mais aussi et surtout des gens simples.
Les Australiens les appellent : les "down to earth". Je n'ai toujours pas compris s' il y a une  touche d'ironie avec connotation péjorative dans l'expression, mais je ne vois guère comment cela est possible. Des gens simples, attentionnés, débordants d'imagination pour rendre service, qui auraient été prêts à tout donner pour te donner une vie plus facile. Ils s'appelaient Bloomy, Gary,  Jarod, Dylan, Tim, Cameron, Anthony, Andrew, Damian, Darryl ou bien David, et ils auront rendu ce voyage plus beau encore. Je pourrais déblatérer des heures en faisant l'éloge des gens avec qui nous avons travaillé à Longford, mais peut être qu'il suffirait de se plonger dans les chansons de country qui tournaient en boucle dans les pick-up des bonhommes pour se faire une idée de leur vie. Peut-être faudrait il écouter "Millworker" de James Taylor pour comprendre réellement leur quotidien.

Dylan, Jarod and the rotten spuds.

with Fabrice in the beast

Tea Break for GG
at work.
Et comme la vie est toujours bien faites, regardez donc qui a traduit les paroles de la chanson de James Taylor pour l'adapter en français. Une chanson qui permettra de mieux comprendre les propos ci dessus. Il est toujours là au bon moment le bougre. Le grand, le seul et l'unique : Mr Francis Cabrel. 

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