dimanche 15 juin 2014

Dans la besace.

J'arrive désormais à me l'avouer, il m'arrive de fréquenter les blogs féminins. Pas d'espionnage pervers de seconde zone, juste une simple curiosité amplifiée par les successions de liens croisées sur cette bonne vieille toile.  J'ai mon petit Top 5, que je délivrerai uniquement sous la torture, mais je dois avouer que tout cela m'intéresse. C'est comme passer une petite heure dans la salle d'attente du médecin, sans se taper l'actualité du Prince William en tournée en Australie. On trie, on sélectionne le plus intriguant, et c'est parti pour quelques bonnes minutes de régalade anonyme.
Il y a quelques jours, nous étions à Bangkok, dans l'attente pour nos visas pour l'Inde. Je me suis souvenu de ce blog qui demandait à ses lecteurs d'envoyer une photo des objets qu'ils embarqueraient sur une île déserte s'ils devaient y terminer leurs jours peinards. Puis je suis tombé sur ce merveilleux site. Profitant de ces quelques heures de transit, j'ai donc demandé à Géraldine de vider son petit sac à dos, avant de faire de même. Certes, il manque quelques objets, en escale dans un coin de la chambre, mais l'essentiel y est. Pas de tricherie, voici les objets que nous trimballons en permanence avec nous depuis le premier jour où nous avons pris la route. Je vous épargne le contenu du gros sac qui nous sert de carapace, c'est aussi intéressant qu'un vide grenier devant la maison témoin de Monné Decroix. C'est Gégé qui commence... Ladies first.
ps : Si tu cliques sur la photo, elle s'agrandit. Magique. 


Géraldine
A. Photocopies de passeport : Evidemment, au moment qui nous concerne, les passeports sont dans les mains de l'ambassade d'Inde à Bangkok. Toujours avoir un moyen de justifier son identité, même si c'est une vieille photocopie rincée par une sortie sous la mousson.
B. Des tonnes de livres : L'ennemi numéro 1 du voyageur, c'est le poids. Géraldine est au courant, mais cela ne lui empêche pas de se trimballer minimum trois bouquins. Elle en échange dans les auberges du monde entier, de manière à satisfaire sa soif de lecture ainsi que son lumbago du retour. Sur chacun des livres, elle prend le soin d'inscrire la ville où il a été échangé, ainsi que l'endroit où il sera déposé. Parce que le livre a le droit de prouver qu'il voyage aussi. 
C. Appareil-photo : Difficile de partir sans appareil-photo, mais difficile aussi de dégainer en toutes circonstances. Cette machine là, c'est un excellent moyen de satisfaire son désir de créativité et de se fabriquer une deuxième disque dur de mémoire, mais cela peut aussi parfois être perçu comme un attirail agressif pour des gens qui n'ont rien à secouer que tu te souviennes de leur magnifique sourire. A manipuler avec précaution.
D. Gourde : Elle a accueilli de l'eau fraiche dans les jungles tropicales de Bolivie, du thé bien chaud sur les tracteurs en Tasmanie, ou même des infusions de feuilles de coca au Pérou. Toujours avoir une gourde à ses cotés, ça rafraichit l'organisme comme la confiance en soi. 
E. Le pécule : Oui, c'est Géraldine qui gère les finances. On ne va pas se mentir, si la tâche m'avait été confiée, on serait encore à se demander comment se payer un lift pour Québec City. Je serais aussi certainement encore serveur pour ces vieilles rombières pleines aux as sur les hauteurs de Montréal.
F. Bigophone cellulaire anciennement intelligent  : Quand il arrive à donner l'heure, c'est déjà un franc succès. 
G. Cartes de visite : Echantillon d'une collection ahurissante de ces petit bouts de papiers qui ornent les comptoirs du monde entier. Un moyen efficace pour remplir le scrapbook de la jeune fille, comme pour filer les bons tuyaux aux voyageurs croisés sur la route.
H. Chapeau de paille : Un chapeau acheté à Melaka, Malaisie. Deux mois que je lui fais croire qu'il lui va parfaitement bien alors qu'il est manifestement bien trop petit. Il protège du soleil, et c'est tout là l'essentiel. Gardons ça entre nous, si vous le voulez bien. 
I. Crème solaire + anti-moustique : L'épiderme de toubab est un sérieux client pour permettre au soleil comme aux moustiques de s'exprimer. Une peau blanche en rentrant en France, c'est pas cool pour la "Travelling Cred", mais c'est largement mieux qu'un cancer de la peau. 
J. Sac n°12 : Je ne sais pas ou sont passés les 11 premiers. Je ne sais pas trop ce qu'il y a dedans non plus. 
Romain
1. Echarpe colombienne : Un souvenir d'une soirée festive à Bogota en compagnie de nos potes Seb et Adriana. J'ai toujours du mal à me séparer de ce genre de trucs. Trop de bon souvenirs associés à la Colombie. Certainement mon pays coup de coeur depuis le début du voyage.
2. Portefeuille d'adolescent : Il traîne au fond du sac, sans vraiment pointer le bout de sa fermeture éclair. Il abrite des cartes de métro de Montréal, New-York ou Singapour, et même ma carte d'adhérent au 924 Gilman Street à San Francisco. C'est un cadeau de mon pote Jean Remi alors j'y fais très attention.
3. Lampe - Torche : Un produit signé K-mart, cette magnifique grande surface australienne. Un  outil indispensable pendant notre long séjour sous tente en Tasmanie, un objet toujours cool pour organiser des vieilles farces inspirées de nos colonies de vacances d'antan.
4. Un livre : Il se trouve qu'en ce moment c'est "La peste" d'Albert Camus. Après "L'étranger", nous sommes retombés sur ce gros classique de la littérature française dans une auberge tasmanienne. En le lisant au milieu de mes années collège, je ne m'étais guère rendu compte du génie de l'auteur. Une chronique à huit clos d'une vie quotidienne difficilement surmontable dans le Oran du milieu du siècle dernier. Majestueux.
5. Cahier de notes :  J'avais ramené ce joli cahier lors de mon premier séjour en Inde en 2008. Il rassemble quelques notes prises à la volée, des bouts de texte de chansons, des adresses ou des grandioses dessins de palmier.
6. Trousse à gouter : Un présent de Géraldine aux couleurs de l'un de mes superhéros préféré. J'y cache tout le matériel nécessaire au bon fonctionnement des objets électroniques qui vont suivre dans votre lecture. C'est ma trousse préféré depuis celle que j'avais cassé lors de mon 3ème trimestre de CE2.
7. Laptop : Mon meilleur copain sur la route, mon cyber lien social, mais aussi et surtout un instrument génial pour agencer des textes, et organiser le voyage au quotidien. Il est ardemment protégé par les objets  visibles sur le numéro 14. Don't mess.
8.  Bois sacré : Un fragment mystique ramené par mon pote Brice lors de son voyage en Amérique du Sud. J'en ai croisé sur le marché aux sorcières de La Paz, en Bolivie, il y a quelques mois. On ne connaitra jamais les vertus protectrices, mais le bois apporte une odeur agréable à l'ensemble du sac.
9. Un marqueur indélébile : J'ai quitté le milieu du graffiti assez tôt. J'étais dépourvu d'un quelconque talent, puis je me suis fais chopper au lycée. Je crois que les quelques heures de T.I.G en punition ont eu leur petit effet. Alors le marqueur, c'est uniquement pour inscrire les destinations sur le carton quand on se lance dans des journées d'autostop. True story.
10. Cluques Anti-UV : Un cadeau pour mes 30 balais. Indispensables sur la route avant de se retrouver mal voyant à 40 berges. Déjà que je suis un peu sourd.
11. Téléphone intelligent + Ecouteurs : Comme il en est question dans cet article, j'écoute toujours beaucoup de musique. Les smartphones, c'est toujours un bon plan pour prendre des photos à l'arrachée. D'ailleurs, il y a quasiment aucunes jolies photos dans mon téléphone, juste des images susceptibles de plaire à Instagram.com
12. L'adaptateur : Chaque pays possède sa prise de courant différente. Ce petit bijou permet de s'adapter partout. J'adore ce truc, je sculpterai volontiers de mes mains une statue à l'effigie du type qui a inventé ce chef d'oeuvre.
13. Les guides : Inutile de vous dire que l'on ne se trimballe pas depuis le début avec la collection entière de tous les pays que l'on traverse. Les guides s'échangent dans les auberges pour voyageurs assez facilement. On a même appris à les lire en Anglais ou en Espagnol. En Bolivie, j'ai échangé notre guide australien contre une casserole. Je pense avoir fait une affaire.
14. Couteaux : Je ne l'explique pas vraiment, mais je suis découvert une passion pour les couteaux. Chaque pays possède un artisanat local toujours fascinant. Je me retiens quand même, pour ne pas passer pour un dangereux criminel aux frontières. Et puis n'oubliez jamais d'écouter Crocodile Dundee. La leçon c'est par ICI !
15. Bandana : Un souvenir du Mexique, idéal pour les treks dans les jungles. J'arrive pas à croire que je ne l'ai pas encore égaré.
A plus dans l'autobus, à bientôt dans le rickshaw.

jeudi 5 juin 2014

Singapour - Malaisie

L'ambiance hivernale Tasmanienne commençait à peser. Cette sensation étrange d'habiter dans un réfrigérateur la journée, puis dans son petit frère congélateur dès que l'obscurité tombait, est devenue de plus en plus pénible. J'aime bien le camping, la promiscuité de la tente et de la vie en collectivité, mais "all good things come to an end" comme dit l'adage populaire. Le tourisme sous toile, la prochaine fois ça sera en slip de bain, moustache calamistrée, et arpions en chasse mouche.
Singapour, la grosse mégalopole indépendante, s'imposa comme première étape de notre retour à la vie itinérante. Nous avons eu chaud, très chaud, les premiers jours, après avoir foulés le sol asiatique. Une sudation prestigieuse qui a transformé chacun de nos vêtements en une serpillière crapoteuse que l'on croise régulièrement chez les populations nomades européennes. Ces vêtements, puisque nous en sommes à évoquer notre accoutrement ; ces fringues sont quasiment les mêmes depuis maintenant dix mois. Dix mois, que nous sommes habillés pareil, à quelques débardeurs près. Dix mois, que les tergiversations devant le miroir pour savoir quel chandail fusionnera le mieux avec son camarade du dessous ont disparu. Nos parures favorites, sont devenues des costumes étranges qui font désormais partis à part entière de nos enveloppes corporelles. Une espèce de carapace en tissu, qui évolue beaucoup moins vite que l'environnement qui nous entoure. Bref, on s'habille pareil tous les jours, et ça n'a l'air de déranger personne. Tant mieux.
A Singapour, il y a deux choses qui rythment la vie des autochtones : La pitance et le shopping. On mange bien, puis on fait les courses. Ou l'inverse. On a essayé de faire un peu de magasinage pour essayer de révoquer la question abordée ci dessus, mais la haute qualité de la gastronomie asiatique, nous a vite fait abandonner nos désirs de nouveauté vestimentaire. Nous y avons retrouvé la famille de Géraldine, et Rachel, notre vieille copine du quartier St Aubin. Elle a fondé une famille à Singapour, trouvant  équilibre et stabilité de vie. Ca fait du bien de revoir les proches. Une aire de repos sur l'autoroute du voyage, une pause méritée, qui réconforte et revigore à la fois. Dans cette ville multiculturelle, où règne tolérance religieuse et confort de vie, au service d'une cohésion sociale rarement rencontrée, nous avons trainé semelles et besaces. Déambulants dans la vieille ville, comme à l'intérieur de cette nouvelle ossature urbaine, nous avons vadrouillé sur ces trottoirs bien trop propres, les billes grandes ouvertes dans les temples, comme dans les gros complexes commerciaux. On l'a prise en pleine tronche. Le temps de se refaire ajuster la cloison nasale, de faire un succinct détour vers une ile indonésienne, puis nous avons repris la route.



by night
Batam Island, Indonesia
Mother & daughter, Batam Island

La Malaisie, représente à notre niveau, le retour à la vie de bohème, aux rencontres éphémères et à notre rythme de voyage. On a voulu repartir sur le tempo acquis en Amérique du sud. La partition latine sonnait bien, alors on s'est dit qu'on aurait pas de mal à se retrouver sur ce swing endiablé. Mais les deux mois passés en Tasmanie, ont vraisemblablement laissé une trace sensible sur l'organisme, et nos dispositions physiques. Alors, on a ajusté le métronome, et on s'est laissé guider par l'allure locale.
Surprenante de part sa multiplicité ethnique, je me suis perdu les premiers jours à savoir quelle langue, nos nouveaux copains employaient. Entre les communautés tamoules, indiennes, chinoises, ou malaises, difficile de se frayer un chemin vers le début d'une relation sociale. Un pingouin au milieu du désert, je vous dis. Puis quelques tirades volées à droite à gauche, ont suffit à lubrifier le conduit, et on a pu commencer à causer. Le pays ancré dans une dualité évidente offre un visage à double face. D'une part, les grandes villes : coloniales, industrialisées, et d'une richesse culturelle évidente, puis de l'autre, la jungle, la campagne, les montagnes, les paysages incroyables abritants une faune et une flore à remettre sur pied Sylvain Augier. On est parti donc claquer la bise aux singes, varans, serpents, et autres coquins qui fleurissent dans les régions rurales du pays. De Melaka à l'île de Tioman, on a fait un bout de route avec Flo et Greg. On rencontre toujours des gens pour partager un peu de temps. Certains sont en vacances pour 15 jours, d'autres pour plusieurs mois, certains rentreront peut être jamais. Greg et Flo rentrent toujours, pour mieux repartir. Quelques mois en France, histoire de renflouer la besace, et ils repartent à l'autre bout du globe. Un mode de vie qui fait réfléchir. On y a passé beaucoup plus de temps que prévu. A chaque fois, que nous décidions de remonter vers le nord, on croisait toujours un signe qui nous faisait retarder le départ vers la Thaïlande. Puis dans un bus de nuit, direction Georges Town, on ne s'est pas réveillé pour descendre. On s'est donc retrouvé en Thaïlande. Sans vraiment le vouloir.