mercredi 16 mars 2011

Gueule de bois

Le phénomène se produit à tous les coups. Chaque retour de tournée, c'est la même rengaine. Le même mal au bide, le même mal-être le lundi matin en retournant au travail. Cette impression étrange, similaire à une fin de mois d'août où il faut quitter son amoureuse sur le quai d'une station balnéaire. Le cafard, vilain insecte nuisible t'accompagne toute ta vie, c'est désormais une certitude et c'est certainement pas le poids des années qui pourra l'écraser comme une vieille punaise.
Chouette tournée d'ailleurs pour la sortie du nouvel album de Charly Fiasco. Encore plein de belles rencontres, des villes jusqu'alors inconnues et d'excellents orchestres croisés sur les mêmes scènes...
Dans le camion, nous avons beaucoup rit. Toujours les mêmes private jokes éphémères qui dureront que le temps de la tournée,et qui n'auront ici que très peu d'intérêt, mais ça permet toujours de garder la tête hors de l'eau. Un peu plus, et nous n'étions même pas au courant que la terre tremblait de l'autre coté du globe.
Une fois de plus, avec mon camarade de jeu Mato, nous avons passé une bonne partie des trajets a regarder la série Alias sur un petit écran de fortune. Ok, je suis au courant, nous avons une décennie de retard. On regarde uniquement sur la route avec le groupe. Nous en sommes à la 3ème saison, et c'est vraiment un régal. Intrigues d'espionnage à l'américaine, acteurs aux physiques parfaits, histoires d'amour compliquées et mielleuses comme j'aime, c'est impeccable! On se retrouve propulsé dans les combines de la C.I.A aux cotés de la ravissante Jennifer Garner. Il y a pas vraiment besoin de brancher tous les conduits neurologiques, l'action se déroule vite et bien, on passe de Moscou au Cap en une demi-minute, les personnages sont facilement identifiables et les dialogues ne sont pas volés chez Jacques Lacan...
Du coup, j'ai un peu l'impression de partir en tournée avec Jenny(oui, elle a droit à son petit surnom maintenant que nous sommes presque intimes). Elle est assise à coté de moi à l'arrière du camion. Elle réponds jamais quand je la questionne sur la nature de ses rapports avec Vaughn, mais c'est pas grave.(Chuut, par contre, faut pas le dire à Mato...Il serait jaloux.)
"I love you, you're so cool, but what I need is Jennifer Garner"
D'ailleurs, tant que nous sommes dans la romance, l'autre jour, j'ai presque eu l'impression que Richard Curtis avait pris le contrôle de ma vie en testant un de ses nouveaux scénars sur ma pomme. Bon, il aurait certainement du choisir une meilleure fin à son nouvelle comédie romantique, mais il recommence quand il veut.
Pour le moment, il pleut. Les gouttes rebondissent sur le vélux dans un doux cliquetis régulier. C'est trop cool.

mercredi 2 mars 2011

Habiller Morphée.

J'ai la passion du sommeil. J'adore dormir. Pas forcément longtemps, ni de manière confortable, mais j'adore roupiller Je pousse même le vice à essayer de m'endormir dans les endroits les plus incongrus. Une conversation douce, passionnée mais point trop intéressante, un match de tennis en 5 sets, le ronronnement d'un vieux Iveco, tout est bon à prendre. Ce n'est pas de la flemmardise, ni un soudain mépris pour l'environnement social dans lequel je me trouve, mais juste le fait de ne pas vouloir rater l'orgasme que peux procurer Morphée. 
Une bonne étape de plaine sur un Tour de France, un peloton qui passe 150 kilomètres à se renifler le derrière, et le téléviseur couleur devient la plus belle berceuse au monde.
Difficile en ce moment, de trouver le sommeil. Il se passe trop de choses dans la ville rose. Ca tombe bien les périodes pré tournée ont toujours du mal à passer.
Hier soir, concert dans les hauts quartiers étudiants. Je file un coup de main à l'orga. Sur scène, Boys on the dock, excellent duo acoustique, cover songs de goût (Billy Bragg, Social Distortion, Against Me, Rancid...), et très bonne prestation. Un bon chanteur, une sympathie évidente dans le relationnel, et des privates running jokes à gogo. Il ne m’en faut pas plus. 
Les champions de Foolish sont en ville. Punk rock à tendance hardcore. A l'ancienne, guitares au genoux, dégaines 90's, humour débile et bonne humeur assurée. Les gonzes ont pris du niveau depuis la première fois où on les avait croisé dans ce magnifique bar en zone rurale dans le centre de la France.
Puis vint le plateau anglais à l'origine de l'organisation du concert. Shoes and Socks Off, est le pseudonyme du chanteur d'outre manche, qui vient présenter son spectacle solo. Le gonze est déjà très sympathique à la descente du camion, malgré sa pilosité excessive au niveau du torse. Oui, je suis jaloux.
Bref, super concert et 1er agréable surprise. Pop folk, bien ficelée, des bonnes mélodies, on pense évidemment à Eliott Smith, même si il y a des quelques passages un peu plus barrés. Par contre, les mecs de Tubelord, tête d'affiche du soir, m'inspirent guère. Look soigné, dégaine arty, ça sent la pop pour coiffeurs à plein nez. 
Le chanteur guitariste avec son jogging 80's, ses bretelles, ses cheveux grunge, et ses souliers qu'auraient même pas mis mon grand-père pour aller à la pêche, et de loin le plus cool. Avenant et délicat.
Tout ça pour dire qu'avant le concert, je me revois en train de médire sur le look de ces garçons et sur la mauvaise pop à clavier qu'on va sûrement prendre dans le museau quelques minutes encore avant le début du concert.
Que nenni. Tubelord, joue le rock plutôt très bien. Gros son,  grosse patate, et bonnes chansons. Il y a des plans qui me rappellent Get Up Kids, Thursday, et d'autres groupes du genre...Alors certes, j'écouterais pas souvent à la maison, les passages math-rock sont très difficiles pour mes esgourdes (d'ailleurs qu'est ce que c'est encore que ça le math rock, ça veut dire quoi? On met un théorème de Thalès dans la tablature?), mais rien à dire, les anglais font leur match avec le panache et l'intensité...J'ai honte d'avoir médis autant à la fin du concert. Ça m'apprendra à faire le malin. L'habit de ne fait décidément pas le moine, il embellit la rumeur.