vendredi 26 juin 2015

Olivier Lolmède

Nouvelle rubrique. J'avais envie de faire évoluer un peu ce site. Rien d'extraordinaire, juste un nouvel espace pour parler de mes potes qui bourlinguent de leurs cotés.
C'est Olivier, qui ouvre les hostilités. Je connais le jeune homme depuis pas mal d'années, on se croise ici ou là dans les évènements de la ville rose. Un garçon humble, à la sympathie qui n'a d'égal que ses talents de musiciens. 
J'aurai bien aimé être en classe avec Olivier. Je pense qu'il aurait accepté d'échanger mes cartes des Crados en causant de Guns'n'roses... Merci à lui.




  • Salut jeune homme et bienvenue à bord. Pourrais tu nous faire une petite présentation, l'histoire de rassurer les passagers sur leur pilote du jour ? Rien de bien méchant, ton âge, ton parcours musical, et ton road movie préféré.

Olivier, 31 ans, Toulouse. Je joue dans Drawers à la batterie et Plebeian Grandstand à la basse, j’ai commencé à jouer dans des groupes vers l’âge de 15 ans et mon road movie préféré j’en ai pas vraiment, récemment j’ai vu “carnets de voyages” qui retrace la jeunesse d’Ernesto Che Guevara selon ses notes. J’ai beaucoup aimé, mais le fait de rentrer de Cuba a dû beaucoup m’influencé, mais ça reste une excellent film et t’apprends bien des choses sur le pourquoi du comment du “Ché”.

  • Tu es régulièrement sur la route avec tes différents groupes, qu'attends tu de cette dernière ? Quelles sont les raisons qui te poussent encore à partir ?

Plus j’avance dans la vie et plus je réalise que partir loin de chez soi dans l’inconnu distiller ce que tu aimes et fais le mieux, découvrir de nouveaux lieux où la musique rassemble, de nouvelles villes, de nouvelles cultures, paysages, m’ont énormément enrichi, et ma vision de la vie et du monde en général est aujourd’hui guidée par toutes ces découvertes faites essentiellement grâce aux tournées et aux rencontres avec ces gens d’ailleurs. C’est ce qui me pousse encore aujourd’hui à partir loin de chez moi de temps en temps, avec mes potes avec qui tu partages plus qu’une salle de répète. Il y a aussi la chance de pouvoir encore à 31 ans rire avec insouciance coincé dans un camion, pendant des heures, découvrir ensemble et ramener des souvenirs à nos proches, et avoir à jamais gravé des moments uniques à plusieurs. 



  • Ces dernières années, tu t'es retrouvé à jouer du Metal dans des pays comme l'Algérie, l'Inde, ou encore tout récemment Cuba. Pourrais tu nous raconter la genèse de ces différents projets ?

Pour Alger, La Dynamo a réussi à monter un pont entre les différentes associations d’organisation de concerts Algeroises et Toulousaines, et nous (Drawers) y avons été conviés par le biais de Noiser. On sentait qu’on pouvait pas passer à côté de ce genre d’expérience.
Et on a réitéré pour Cuba 2 ans plus tard. Niko (chant, Drawers) a contacté David Chapet (Brutal Beatdown), un français résidant à Cuba depuis 19 ans, en vue de participer au festival qu’il organise 2 fois par an sur l’île, depuis maintenant pas mal d’années. David connaissait notre musique et nous a convié à rejoindre l’affiche pour février 2015.
Et pour l’Inde, avec mon autre groupe Plebeian Grandstand, nous avions un contact français qui bosse avec le centre culturel Français sur Place à Bangalore, et qui nous a aidé à monter un dossier et une tournée en octobre 2014. Chaque année des artistes Français de tous horizons y sont conviés, ça va du théatre aux musiques diverses, c’est très éclectique et on était le premier groupe de metal extrême à s’y rendre par ce biais.



  • On imagine bien le fossé culturel entre ces pays éloignés et la France. Quelle place réelle ont les musiques dites « extrême » au sein de la société de ces trois pays ?

De manière commune, ces 3 pays ont une bonne partie de la population attirée par le rock, metal, punk… surtout chez les jeunes. Mais la culture s’arrête aux grands classiques de chaque style (Metallica, Iron Maiden, Rammstein, Cannibal Corpse et Meshuggah), et à Cuba ou internet est quasiment inaccessible tu comprends pourquoi. Donc tu vas pas dans ces pays dans l’espoir de faire gagner ton groupe en notoriété, ou vendre du merch en pagaille. La musique extrême peut parfois surprendre mais c’est la curiosité et l’engouement que suscitent ce genre d’évènement trop rare sur place qui font de ces moments des moments uniques. De manière générale c’est le côté humain qui prend le dessus sur les souvenirs de notre passage.

  • Quel accueil vous a été réservé ? On est plus sur du Iron Maiden à Rio de Janeiro ? Ou Slipknot au Fury Fest ?

En Inde les gens étaient très curieux malgré le côté ultra agressif et peu chaleureux de la musique de Plebeian Grandstand. Même si la plupart ne devaient pas assimiler les codes de ce type de musique sur le moment, à chaque fois les gens se rassemblaient devant nous au fur et à mesure du show et semblaient vraiment apprécier notre dévouement à ce que nous faisions.
A Cuba, le manque d’accès à Internet et donc à toutes les cultures underground du monde, font que les kids semblaient préférer les morceaux que passaient l’ingénieur du son dans la sono entre les groupes plutôt que les concerts en vrai. Beaucoup de monde à chaque concert, mais peu réceptifs, il y avait un certain décalage qu’on a pas l’habitude de voir aux concerts de Drawers. Mais on a toujours été bien reçu et on ne s’est jamais senti de trop, mais plutôt incompris.
A Alger, c’est un peu entre les deux, les gens sans tout comprendre semblaient conquis et ont visiblement adoré ce qu’on leur a proposé, il y avait une euphorie très pure et simple.




  • Les rencontres ont du être incroyables et vous avez du vous retrouver dans des situations cocasses lors de ces tournées. Tu payes ton TOP 5 des anecdotes ?

A Alger où l’alcool est très mal vu, se retrouver dans bar limite clandestin et faire connaissance avec ce brave David Mareau, autour d’une pinte de bière blonde, au milieu de tous les vieux du quartier, planqués derrière des rideaux opaques à boire, fumer et jouer à des jeux de hasard.
Cuba, la moustache d’Hitler sur un gamin de 15 ans, et le t-shirt Rammstein avec plein de croix gammées.
Inde : j’ai rencontré “mon fils” de 13 ans fan de black metal et de tous les groupes Norvégiens cultes dans le style. Il était venu nous voir avec ses parents super gentils et ravis qu’on soit venu de France pour jouer cette musique, j’ai gardé contact avec mon fiston par mail et j’espère le revoir un jour !
Inde : jouer sur une scène à 6m de hauteur sur la plus grande place de la ville, à 200 km du Pakistan, en extérieur devant une population massivement Sikh.
Une des meilleures pour moi à Santa Clara, Cuba, où j’ai rencontré un père de famille passionné du hardcore qui tient un petit webzine ROMPIENDO MUROS. Trop long à raconter ici, mais ce mec met toute son énergie qui lui reste après son boulot pourri pour sortir son numéro, avec des moyens très limités (un ordinateur portable vieux de 10 ans, une connexion internet très lente et extrêmement chère en cybercafé - un quart du salaire moyen pour 1h de connexion, ...). Quand ce type te dit que son rêve c’est de pouvoir voir des concerts de hardcore à Cuba, acheter du merch pour soutenir le groupes, mais qu’il n’a même pas les moyens de s’acheter une bière hormis pour son anniversaire. On lui a offert un t-shirt d’Alea Jacta Est (il connaît et adore ce groupe) et de Drawers. J’ai également gardé contact avec lui.

Il y a tellement d’anecdotes, j’en oublie forcément et j’ai très mauvaise mémoire, mais on a tous ramené de belles histoires humaines avant tout, d’échange, de partage, et d’ouverture au monde qu’on ne connait pas.



  • Sur ta platine, au mois de Février 2015, qu'est ce qui tourne le plus ? Le bouquin qui squatte ta table de chevet ?

J’ai découvert Walknut (du black depressif très ambiant), Badbadnotgood (hiphop aux instrus jazz), Kanye West, Der Weg einer Freiheit (black melo allemand) et un peu de Brassens que je connais que trop mal.

  • Ton prochain voyage ?

J’aimerai aller au Japon, en tournée ou pas, ou en Islande ou en Laponie. Sinon j’aimerai aller à Rome aussi j’y ai jamais mis les pieds !

On est arrivé à destination. Merci d'avoir offert de ton précieux temps.
Merci à toi grand monsieur !